« Le made in France constitue un atout économique majeur »

Quelles sont les propositions phares de ce rapport ?Je propose d'assurer la traçabilité des produits vendus dans l'Hexagone. Cet effort de transparence, qui existe déjà pour les fruits et légumes notamment, doit redonner la possibilité au consommateur de choisir en toute connaissance de cause.A quoi servirait cette transparence ?Dans un environnement mondialisé, le made in France est un atout économique majeur. De récents travaux ont évalué le poids de cette marque France à 200 milliards d'euros. Il s'agit d'aider le consommateur français à choisir l'emploi local et de soutenir nos exportations.Comment assurer cette traçabilité ?Parmi les dix propositions de ce rapport, je suggère notamment de rendre obligatoire le marquage de l'origine nationale de tous les produits mis en vente sur le territoire communautaire, ce qui est très loin d'être le cas aujourd'hui.Compte tenu des mouvements de délocalisation engagés par l'industrie et par les services, comment juger de l'origine France des produits ?Je fais plusieurs propositions en ce sens comme la création d'un « made in » à étoiles. Un produit conçu, assemblé et fabriqué entièrement en France obtiendrait un nombre d'étoiles maximum. Je plaide aussi pour la mise au point, pour les secteurs et les entreprises intéressés, d'une carte d'identité numérique des produits informant sur leur origine, les éléments liés à la politique sociale et environnementale du fabricant, etc...Des labels « France » existent déjà... C'est exact, ce qui prouve bien que la cocarde tricolore est un argument de vente. Un label chapeau, transversal et certifié, aurait plus de poids pour les consommateurs. Il permettrait à ceux qui cherchent cette information de repérer d'un seul coup d'oeil le produit made in France. N'est-ce pas du protectionnisme déguisé ?Pas du tout. C'est juste un effort de transparence. Le consommateur doit savoir ce qu'il achète pour devenir un « consommacteur ». Si un produit fabriqué au Bangladesh est moins cher et mieux fini qu'un produit européen, quel est le problème ? Ce qui n'est pas supportable aujourd'hui, c'est que le consommateur ne connaisse pas l'origine des produits.Les entreprises vous soutiennent-elles ?Celles qui ont délocalisé, pas forcément, même si elles savent que le XXIe siècle sera celui de la traçabilité et de la transparence. En revanche, celles qui ont fait le choix de continuer à produire en France soutiennent le projet. Elles en ont assez de se faire tailler des croupières par des concurrents qui « oublient » d'indiquer la provenance de leurs produits, tout en vantant l'excellence française.Comment réagit-on à Bruxelles et à l'OMC ?La Commission est certes vigilante à ce que les règles de la concurrence soient bien respectées. Il faudra donc faire de la pédagogie et recourir à l'expérimentation. Toutefois, ni Michel Barnier, le commissaire européen au Marché intérieur, ni Pascal Lamy, le directeur général de l'OMC, ne me semblaient opposés aux propositions que j'ai présentées lorsque je les ai rencontrés.Quel calendrier proposerez-vous au président de la République ?Je lui demande de veiller à ce que ce rapport ne soit pas enterré pour qu'au plus tard en octobre prochain, un projet de loi soit rédigé et qu'une véritable action de lobbying ait été engagée à Bruxelles. Le dispositif doit monter en puissance dès 2011. Il y a urgence pour soutenir certains secteurs, sur le marché intérieur comme à l'export. Ce que je propose ne coûte pas grand chose, quelques centaines de milliers d'euros, mais peut être très utile à l'économie nationale.Propos recueillis par Hélène Fontanaud et Fabien Piliu
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