Les sociétés françaises n'osent pas délocaliser leur informatique

Elles sont attirées, mais elles n'osent pas. Selon un sondage de l'Ifop (Institut français d'opinion publique) à paraître ce jeudi, les entreprises françaises voient bien des avantages à l'offshore, c'est-à- dire à la délocalisation d'une partie de leurs systèmes d'information dans des pays à bas coûts salariaux. Mais la plupart n'est pas prête à sauter le pas. Les deux tiers des sociétés interrogées par l'Ifop considèrent l'offshore de leur informatique comme un excellent moyen de réduire leurs coûts. De fait, un collaborateur en Inde est 80 % moins cher qu'un salarié français, selon le groupe de conseil Accenture. Et pourtant ! 78 % des entreprises françaises disent ne pas délocaliser leurs systèmes d'information. Quelle est l'explication de ce paradoxe, alors que les groupes anglo-saxons, eux, sont nombreux à pratiquer l'offshore ? La France n'est ni le Royaume-Uni ni le pays de l'Oncle Sam : les patrons français ont « le souci de garder l'emploi sur leur marché national », explique l'Ifop. Et surtout peur d'une levée de boucliers de la part des syndicats... En tous cas, cet argument social est le deuxième frein à l'offshore cité par les entreprises françaises, derrière la difficulté à gérer un prestataire installé à des milliers de kilomètres de l'Hexagone.barrière linguistiqueConfier la gestion de son système d'information à une société indienne ou chinoise, soulève un autre problème pour les entreprises françaises : la barrière de la langue, évoquée par près du tiers des patrons français. A l'exception des grandes entreprises très internationalisées, les « businessmen » français, comme la plupart de leurs compatriotes, ne sont pas de brillants polyglottes. à tel point que la SSII (société de services et d'ingénierie informatique) indienne HCL a noué un partenariat avec sa concurrente française GFI Informatique, afin que cette dernière « établisse la liaison entre nos collaborateurs et nos clients français », indique Chris Connors, directeur de HCL pour la France et le Benelux. Dans ces conditions, l'offshore représentera-t-il un jour plus que les 4 % du marché français des services informatiques, relevés pour 2009 par le Syntec ? Des cabinets d'études comme Pierre Audoin Consultants prédisent un bond de 20 % à 25 % de l'offshore français, rien que pour 2010. Mais l'évolution se fera peut-être plus en douceur. Pour Chris Connors, il faut d'abord proposer aux entreprises de délocaliser les activités les plus simples de leurs systèmes d'information. Quitte, pour HCL et les autres SSII des pays émergents, à ne pas travailler sur des prestations à très haute valeur ajoutée, dans un premier temps.
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