« Si on veut un seul marché européen des télécoms, il faut un seul régulateur »

/>On savait que le job de gendarme de la Concurrence européen n\'était pas facile. L\'actualité des fusions dans les télécommunications le confirme. Non que Joaquin Almunia, le socialiste espagnol qui occupe le poste depuis 2009, aie la main lourde quand il s\'agit de peser au trébuchet les fusions qui se présentent à lui. Toutes ont été autorisées jusqu\'à présent. C\'est plutôt qu\'il a les mains liées.Le vrai marché unique européen n\'est pas pour demainLui voudrait voir émerger des opérateurs transnationaux pour faire jouer la concurrence à une plus grande échelle. Mais « les prix sont nationaux, les services que l\'on offre pour chacun des opérateurs sont nationaux. Les opérateurs sont nationaux même si certaines appartiennent à des groupes internationaux. Le régulateur est national. L\'allocation du spectre est faite par chacun des États membres. Le marché est national », rappelle-t-il dans un entretien avec La Tribune. Le « vrai marché unique européen, avec une seule allocation de spectre, un seul régulateur, des possibilités pour chacun des usagers d\'obtenir des services n\'importe où en Europe et pour chacun des opérateurs d\'offrir ces services n\'importe où en Europe » n\'est pas pour demain. L\'émiettement des autorités de régulation reste le principal obstacle à une offre de services paneuropéens, comme on en trouve aux États-Unis. « Si on veut un seul marché, il faut un seul régulateur », dit-il.Eliminer le \"roaming\" est un pas vers le marché uniqueLa proposition ne figurera pas toutefois dans le nouveau « paquet » télécommunications qui sera adopté la semaine prochaine par la Commission européenne. « On ne va pas présenter de proposition révolutionnaire en fin de mandat. Mais les choses peuvent s\'accélérer sous la prochaine commission », explique l\'Espagnol avec pragmatisme. Lui n\'est en charge que de la concurrence. C\'est Nelly Kroes, la commissaire à l\'Economie numérique qui est aux commandes. Mais il veille.Et le roaming - la surtarification des communications transfrontalières en Europe - auquel Bruxelles fait la guerre depuis plusieurs années sera en ligne de mire. « Eliminer ce type de surcharge entre services offerts dans des différents pays de l\'UE, c\'est un pas vers un marché unique », explique Joaquin Almunia, prenant ouvertement parti dans un débat qui est loin d\'être tranché au sein même de la Commission européenne.En attendant les fusions se poursuivent. Et il n\'a rien contre. « Telefonica veut acquérir KPN en Allemagne. Hutchinson veut acquérir O2 qui appartient à Telefonica en Irlande. Hutchinson a acheté Orange en Autriche, et ainsi de suite. Ce qui est parfaitement possible sans créer de problème de concurrence sérieux, ce sont les opérations transfrontalières. Je ne mène pas un combat contre une entreprise de part sa dimension globale… Je n\'ai pas de position dogmatique sur le nombre des opérateurs : 3, 4 ou plus. Mais deux, non. Le duopole n\'est pas admissible », juge-t-il. Et de rappeler que l\'entrée de Free sur le marché français avait été suivie d\'une nette hausse du niveau des investissements.L\'arrivée des investisseurs étrangers comme Hutchinson ou le Mexicain Carlos Slim le soucie-t-elle ? Plus qu\'on ne pourrait penser. « Je crois que l\'Europe doit être ouverte : nous vivons dans une économie globale et nous devons nous habituer aux investissements étrangers. Ma seule remarque plus politique est que si l\'on ne peut avancer vers un marché unique européen dans les télécommunications, on aura de plus en plus de visiteurs étrangers. Parce qu\'ils peuvent considérer qu\'ici on peut faire de bonnes affaires. C\'est un argument supplémentaire pour faire le marché unique », dit-il.  De là appeler les gouvernements européens et leurs champions à mettre un peu d\'eau dans leur vin, il n\'y a qu\'un pas.
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