« Nos banques ont accepté d'appliquer les règles sur les bonus »

Alistair Darling, chancelier de l'échiquierQu'attendez-vous du G20 finance, qui se déroule ce week-end à Saint Andrews, en Écosse ?Nous devons continuer le travail commencé depuis un an. L'objectif est d'obtenir une croissance durable de long terme. Si nous n'agissons pas, nous risquons de faire face à une décennie de croissance molle et de faible emploi. Depuis un an, l'action du G20 a permis de faire une vraie différence. Nos accords de soutien à l'économie portent leurs fruits et certains pays sortent de la récession. Mais il y a encore d'importants obstacles et nous ne sommes pas encore complètement sortis d'affaire.Vous appelez à ne pas retirer les plans de soutien à l'économie trop tôt. Pourtant, la baisse de la TVA en Grande-Bretagne (de 17,5 % à 15 %), en place depuis décembre 2008, sera supprimée fin 2009. N'y a-t-il pas une contradiction ?Il a toujours été dit que la baisse de la TVA porterait sur 13 mois seulement et il s'agissait d'avancer les dépenses à 2009. Mais ce n'est pas la seule chose que nous faisons. Pour les voitures, nous maintiendrons la prime à la casse pour l'année prochaine ; notre plan d'aide aux entreprises consistant à reporter le paiement de leurs impôts sur l'année prochaine continue? L'important est de ne pas retirer toutes les aides en même temps.Le G20 finance de ce week-end fait suite à de nombreuses autres réunions cette année. N'est-ce pas une réunion de trop ?Je vais vous dire pourquoi le G20 compte : parce que ça marche. Nous en avions pris la présidence il y a deux ans alors que personne n'en voulait. Quand nous avons vu une catastrophe se profiler l'année dernière, nous nous sommes demandés : comment l'éviter ? Avec 20 pays autour d'une même table, nous avons pu faire une différence. Tant que ça marche, nous devons conserver le G20.Les pays du G20 appliquent-ils suffisamment vite l'encadrement des bonus décidé à Pittsburgh ?Toutes les banques du Royaume-Uni, y compris les banques étrangères, ont désormais accepté d'appliquer le cadre décidé à Pittsburgh. Quant aux banques que nous contrôlons, RBS et Lloyds, nous avons imposé des règles plus strictes : les membres du conseil d'administration n'auront aucun bonus d'ici à 2012.Mais les États-Unis ont pris des décisions beaucoup moins contraignantes?Ils ont une approche différente, imposant une règle sur les salaires des 20 plus importants dirigeants des banques. Il est indispensable d'appliquer les règles du G20.La Grande-Bretagne est restée en récession au 3e trimestre, alors que les États-Unis et la zone euro en sortaient. Est-elle le pays économiquement le plus malade ?La récession au premier trimestre était plus forte en Allemagne et au Japon qu'ici. Mais l'Allemagne a rebondi plus vite, en partie parce qu'elle vend beaucoup à la Chine. Il n'y a donc pas deux pays comparables. Mais la vitesse de contraction se réduit en Grande-Bretagne et nous sommes sur la bonne voie.L'autre sujet au menu de ce week-end est la préparation du sommet de Copenhague. Un accord sur le mécanisme de financement envers les pays en voie de développement peut-il y être trouvé ?Il reste beaucoup de travail à faire sur Copenhague. Trouver un accord sera difficile, inutile de se voiler la face. Il faut d'abord accepter que de l'argent soit mis sur la table. Les Nations unies parlent de 100 milliards de dollars [par an, à partir de 2020, des pays développés vers les pays en voie de développement, Ndlr]. Mais il n'y a pas d'accord international là-dessus. Ensuite, il faudra décider qui finance ces sommes, comment, quelle sera la part publique et la part privée.Propos recueillis par Éric Albert, à Londres(Interview accordée à un groupe de quatre journaux européens).
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