STRONG>Vers un inévitable partage des revenus ?C'est en économistes, et non en politiques, que Patrick Artus et Marie-Paule Virard prônent, dans leur dernière livraison, une plus grande solidarité entre États de la zone euro, mais aussi entre le travail et le capital. Alors que la faiblesse de la croissance risque de faire durer la crise, et de nous faire entrer dans un scénario déflationniste à la japonaise, ils considèrent que la seule manière de la relancer à court terme est de soutenir la consommation par une taxation accrue du capital et un abaissement de la taxation du travail. Soumettre la totalité des revenus à un même taux d'imposition, en supprimant les niches fiscales et en opérant un prélèvement à la source, voilà qui permettrait, selon eux, d'opérer un transfert massif des rentiers vers les actifs, et ce faisant, des générations les plus âgées vers les plus jeunes. Il faut corriger cette anomalie qui veut que les revenus du travail soient deux fois plus taxés que ceux du capital. Cette réforme, qu'ils considèrent « simple à réaliser », est la seule susceptible d'avoir des effets rapides. Dans un environnement ouvert où les États se livrent à une forte concurrence fiscale, et où les paradis fiscaux prospèrent encore, cette politique ferait-elle courir le risque d'une évasion fiscale massive ? Les auteurs du livre n'y croient guère. Et, en tout état de cause, ils estiment qu'il y a encore trop d'épargne. V. S.« Pourquoi il faut partager les revenus. Le seul antidote à l'appauvrissement collectif », de Patrick Artus et Marie-Paule Virard. Éditions La Découverte (182 pages, 13 euros).Élites, réseaux et patronsLes ouvrages sur les grands patrons en France sont suffisamment rares pour être signalés. Celui-ci est d'autant plus intéressant qu'il livre une grille d'analyse originale de l'évolution du capitalisme français qui repose sur une observation minutieuse des réseaux et des relations d'affaires noués entre les grands patrons du CAC 40 ces trente dernières années. Avec les privatisations, les élites des grands corps de l'État se sont ainsi approprié le pouvoir économique et cette aristocratie politico-administrative s'est finalement maintenue, même renforcée, au sein du CAC 40, tout en s'émancipant peu à peu du pouvoir politique pour s'intégrer pleinement dans l'espace européen et mondial. Ces élites sont désormais livrées à elles-mêmes malgré les tentatives des politiques de reprendre la main avec la crise. Un ouvrage très utile, surtout à quelques semaines de l'élection à la présidence du Medef ! E. B.« Les Grands Patrons en France. Du capitalisme d'État à la financiarisation », de François-Xavier Dudouet et Éric Grémont. Éditions Lignes de Repères (176 pages, 18 euros).Kerviel, le « Rogue trader » parleDécouvrez demain, dans « La Tribune » numérique du samedi, nos analyses sur le livre dont tout le monde parle. À l'approche du procès qui opposera à partir du 8 juin Jérôme Kerviel à la Société Généralecute; Générale, le trader qui a fait perdre près de 5 milliards d'euros à sa banque accuse. Il affirme qu'il n'aurait jamais pu agir comme il l'a fait sans le soutien implicite de sa hiérarchie, décrit un monde impitoyable, celui des salles de marché, où les salariés sont des « gagneuses » au service d'un unique maître, l'argent. Une économie casino, où l'on perd ses repères dans un engrenage infernal. La question principale de l'ouvrage du plus célèbre « rogue trader » de la planète est finalement assez légitime. Est-ce qu'un homme seul peut vraiment menacer de faire sauter une banque, sans que la responsabilité de ses dirigeants ne soit engagée ? La « vérit頻 éclatera, affirme l'auteur, qui se pose en « victime d'un système ». Ph. Ma.« L'Engrenage. Mémoires d'un trader », de Jérôme Kerviel. Éditions Flammarion (270 pages, 19,90 euros).

latribune.fr

06 Mai 2010, 23:20

Partager :