Des idées pour sécuriser les mobilités professionnelles

Plus souvent subies que choisies, les mobilités professionnelles sont trop rares et doivent être facilitées. C'est en substance ce que proposent Mathilde Lemoine (HSBC France) et Etienne Wasmer (Sciences Po Paris, OFCE) dans un rapport du Centre d'analyse économique (CAE) remis mercredi à Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'Emploi. Les auteurs constatent que la France s'est engagée dans un processus de flexisécurité, mais que la « flexibilité a augmenté plus vite que la sécurité des travailleurs ». Ils rappellent que la proportion de salariés qui changent d'entreprises tourne autour de 5 % (6 à 7 % dans les PME) et que cette mobilité est avant tout le fait de salariés ayant des contrats courts ou temporaires (40 %). La mobilité professionnelle reste donc très faible, tout comme les mobilités intersectorielle et résidentielle (10 %, dont un cinquième seulement correspond à une mobilité entre départements).bonus-malusPour inciter les employeurs à former leurs salariés en amont, sans attendre les plans sociaux, encourager les salariés à se former et sécuriser les mobilités, les auteurs formulent diverses pistes, dont le coût se monterait à 8 milliards d'euros. Ils proposent notamment la mise en place d'un bonus-malus sur les cotisations d'assurance chômage et les obligations de reclassement en fonction de la qualité de la formation offerte aux salariés. Une manière de récompenser les entreprises les plus vertueuses. Le contenu des formations est au coeur des interrogations des auteurs, qui rappellent que les salariés veulent des formations transférables, ce qui n'est pas le cas des employeurs qui souhaitent au contraire les conserver. Ils pointent également le caractère inégalitaire de la formation. « Aujourd'hui, 6 % des salariés suivent 50 % des formations », rappelle Etienne Wasmer.Autre idée force du rapport : la création d'un système d'assurance couvrant les pertes salariales en cas de réorientation professionnelle. Concrètement, il s'agirait de subventionner le salaire, pendant un ou deux ans et sous conditions de ressources du ménage de la personne qui aurait fait le pari de changer de secteur ou d'entreprise et subi une décote salariale. Le rapport propose également de généraliser des contrats de transition professionnelle (CTP) ? actuellement limités aux salariés menacés de licenciement dans certains bassins d'emploi ? aux travailleurs précaires et sur tout le territoire.« Si on regarde les moyens de la formation professionnelle et d'autres dispositifs, on a largement de quoi faire une flexisécurité à la française », a affirmé Mathilde Lemoine. Isabelle Moreau
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