« Copacabana », c'est au Nord

On la dit psychorigide, « control freak », abonnée aux personnages froids au point de jouer des rôles identiques de film en film. Isabelle Huppert vient de dégoupiller toutes ces critiques dans « Copacabana », le deuxième long métrage de Marc Fitoussi (« la Vie d'artiste », 2007), l'un des meilleurs films présentés lors la Semaine de la critique, pendant le dernier Festival de Cannes. Une comédie aux accents rebelles, enthousiasmante et pleine de fraîcheur, à la fois drôle et émouvante. Huppert y campe Babou, une mère fantasque, à mille lieues des conventions bourgeoises. Par son look, tout d'abord. Maquillée comme une voiture volée, gantée de mitaines d'un bleu électrique, elle n'hésite pas à se déguiser en indienne pour dérider sa fille Esméralda (Lolita Chammah, sa fille à la vie et à l'écran). Par la manière dont elle a mené sa vie, ensuite, au gré de ses envies et de ses voyages, sans jamais se soucier de son statut social. Ce que lui reproche amèrement sa gamine, étudiante rêvant d'une vie rangée depuis son enfance. Interdite de mariageCette dernière avoue même avoir honte de cette maman sans le sou, qui n'hésite pas à squatter le restaurant où elle travaille pour manger à l'oeil. Au point de refuser de l'inviter à son mariage. Qu'à cela ne tienne. Babou accuse le coup et pour lui offrir un cadeau digne de ce nom, elle accepte enfin de travailler. Et de vendre des appartements en temps partagé à Ostende. Contre toute attente, elle se révèle excellente ­commerciale.Entourée de Luis Rego, d'Aure Atika et de Noémie Lvovsky, tous excellents, Isabelle Huppert se lâche, semble sortir d'elle-même pour ce rôle et c'est jubilatoire. Impulsive, drôle, attachante, elle illumine ce film boosté par des dialogues enlevés et souvent extrêmement drôles. Elle brosse surtout le portrait d'une femme désinvolte, totalement irresponsable, décalée par rapport à notre société, comme si c'était pour elle le seul moyen de résister à un monde aseptisé. Et quand elle accepte enfin de travailler, elle le fait à sa façon, avec générosité, sans jamais abdiquer sur ses principes. Car derrière la comédie, se cache une dénonciation cinglante du monde du travail et des méthodes de management utilisées sur des salariés sous pression qui finissent par se haïr les uns les autres. Outre l'humour, Fitoussi contrebalance tout cela par une image superbe. Le Nord est ici filmé de manière éclatante, rayonnant de couleurs chaudes. Et c'est un régal.
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