« Assez chanceux. » Yaron Herman reconnaît aisément que le sort lui a été favorable. Il est vrai que sa carrière de jazzman a débuté tardivement. Destiné au basket professionnel, Yaron dut renoncer à 16 ans par suite d'une blessure au genou. Déjà impétueux, le jeune Israélien s'engage alors sur la voie du piano. Guidé par un professeur original fondant son enseignement sur les maths et la philosophie, Yaron forge sa personnalité. Au point de snober l'éminente école de Berklee à Boston, pépinière réputée de talents, par volonté de maintenir sa liberté (« Je n'avais pas envie d'entrer dans une usine?! »). Son métier, il l'apprendra sur le terrain, dans les clubs parisiens neuf ans durant. Son énergie doublée d'un lyrisme exacerbé assure sa renommée. Très physique sur scène, il conquiert son public avec un répertoire très ouvert, sans exclusive, de Coltrane à Britney Spears. Il explique?: « Le jazz permet de sublimer n'importe quelle matière. »Cette voie artistique toute contemporaine a attiré l'attention du label indépendant allemand, Act, qui vient de le signer. Nouveau label et aussi nouveau trio. Avec deux comparses américains (Tommy Crane, batterie, et Chris Tordino, basse), Yaron Herman dévoile dans « Follow the White Rabbit », présenté le 7 octobre à la très classique salle Gaveau, ses derniers tours de magie pianistique. Détendu, heureux de résider en France (« où il y a beaucoup de scènes pour jouer »), Yaron Herman assure à 29 ans avoir « une importante marge de progrès ». Pour l'instant, il aime multiplier les plaisirs en se produisant en solo, en trio ou même avec un quatuor à cordes classique. « Ma vie tourne autour de la musique, avoue-t-il avant de se reprendre, c'est plutôt la musique qui fait tourner ma vie. » Jean-Louis Lemarchand

latribune.fr

06 Oct 2010, 23:31

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