Autour de la table des négociations sur le climat, l'Europe ...

Autour de la table des négociations sur le climat, l'Europe se range clairement parmi ceux qui ont intérêt à parvenir à un accord international ambitieux lors de la conférence de Copenhague. Mais vu la persistance des divergences entre négociateurs, les principaux dirigeants européens savent qu'ils doivent être réalistes. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, l'a récemment admis : « Malheureusement nous ne serons pas en mesure d'obtenir à Copenhague un nouveau traité contraignant [?], mais nous travaillons fort pour obtenir un accord opérationnel, basé sur de véritables engagements politiques de toutes les parties [?] et nous voulons garder les éléments essentiels du protocole de Kyoto. »« Le passage à la trappe de l'histoire du protocole de Kyoto isolerait l'Europe qui l'applique depuis des années et s'est fixé des contraintes pour les dix ans à venir », explique un diplomate français. Les Vingt-Sept ont adopté l'an passé un « paquet énergie climat » prévoyant une baisse de 20 % de leurs émissions d'ici à 2020 par rapport à 1990, voire 30 % si Copenhague se conclut positivement. Et d'ici à 2050, l'UE préconise une baisse des rejets des pays développés de 80 % à 95 %.« Une option jouable serait que la Conférence débouche sur un dispositif à trois étages », explique le diplomate. Premièrement, il s'agirait de prolonger le protocole de Kyoto de quelques années, en ouvrant une deuxième période d'engagement pour que les pays qui le mettaient déjà en ?uvre poursuivent leurs efforts dans ce cadre. Deuxièmement, un amendement au protocole de Kyoto pourrait être introduit pour permettre aux États-Unis de le rejoindre en se fixant des objectifs de réduction des émissions ambitieux mais selon un calendrier adapté au retard qu'ils ont accumulé par rapport aux autres pays industrialisés. Troisièmement, Copenhague pourrait adopter un texte englobant tous les pays et contenant tous les grands chapitres de la négociation.Pour ne pas s'aliéner l'appui des pays en développement, tout en évitant d'affaiblir sa position dans les négociations, l'Europe manie la carotte et le bâton. Elle a chiffré fin octobre à 100 milliards d'euros l'an le montant des besoins des pays pauvres pour faire face au réchauffement d'ici à 2050. Sur cette enveloppe, dont 22 à 55 milliards d'euros proviendraient de fonds publics, l'Europe assurerait entre 2 et 15 milliards. Un fonds de mise en ?uvre rapide « facultatif » de 5 à 7 milliards par an pourrait être créé pour aider les pays pauvres sans attendre l'entrée en vigueur de l'accord Copenhague début 2013. Le bâton ? Les Européens brandissent la menace d'instaurer une taxe carbone aux frontières sur les biens importés de pays ne jouant pas le jeu de la lutte contre le réchauffement.Reste à savoir si l'Europe convaincra les pays en développement. « Grâce à la possibilité d'acheter des permis d'émission et à la crise économique, l'Europe est sur le point d'atteindre son objectif d'une réduction des émissions de 20 % sans réel effort », critique Greenpeace qui milite pour que les Vingt-Sept optent au minimum pour une diminution de 30 % de leurs émissions. Reste à savoir ce que décidera le Conseil européen, qui se réunira les 10 et 11 décembre à Bruxelles. L. C.
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