Il est fini le temps où le directeur financier restait en retrait en se focalisant sur les comptes de l'entreprise. Aujourd'hui, il doit participer complètement à la stratégie de sa société, tant par sa présence au comité de direction que sur le terrain. Cette exigence est d'autant plus nécessaire pour rebondir avec la sortie de crise. « Le directeur financier sera appelé à être un élément moteur dans le développement de l'entreprise », estime Marc-Antoine Cabrelli, Director chez Duff & Phelps.Cela passe tout d'abord par un retour aux fondamentaux dans le fonctionnement interne. Souvent de nombreuses PME négligaient la mise en place d'outils de pilotage. « 100% des entreprises rencontrant des difficultés manquent de règles de gestion claires sur les process clés de l'entreprise », insiste Frédéric Lumeau, directeur au département restructuring de Duff & Phelps. Le plus souvent, le directeur financier va devoir mettre en place des outils pour mesurer la performance de sa société. Il s'appuie sur des indicateurs clés que sont notamment le crédit, les clients et la trésorerie. Il est primordial pour une entreprie d'avoir des procédures de reporting, de prévisions de trésorerie et sur l'optimisation du cash. « Dans beaucoup d'entreprises et même dans certaines avec des montages LBO (financement d'acquisition par emprunt), nous voyons des insuffisances en terme de reporting, de mise en place d'indicateurs de la mesure de performance et fréquemment des carences concernant les prévisions de trésorerie », observe Marc-Antoine Cabrelli.Avec la crise, le fabricant de skis Rossignol s'est trouvé avec une politique d'affacturage inadaptée en raison de son activité saisonnière. En poste depuis le 1er juillet 2009, le nouveau directeur financier de l'entreprise Yann Quiniou s'est tout de suite attelé à remettre en interne de la discipline. Des procédures ont été mises en place pour surveiller les encaissements clients et les stocks tout en se concentrant sur les marges. « Notre intention est de pérenniser les capacités financières de la société en complément ou en se substituant à l'affacturage », explique Yann Quiniou. En raison des difficultés rencontrées, l'effectif de Rossignol a été réduit d'un tiers dans le cadre d'un plan social. Ce qui se traduit pas le maintien d'une tension pour le personnel toujours en place. VigilanceEn misant sur la qualité de ses produits, il a fallu une véritable politique de ressources humaines pour redynamiser les équipes. Le directeur financier ne doit pas hésiter à expliquer les choix stratégiques de l'entreprise sur le terrain. « Je passe 70 % de mon temps à convaincre les gens par la pédagogie », précise Yann Quiniou. Sans oublier d'être en contact fréquent avec le président de Rossignol et l'actionnaire de la société. « Tout le monde connaît ainsi les sujets abordés aux réunions du conseil d'administration. » Le directeur financier doit aussi être très vigilant sur les tenues de marge brute de l'entreprise. Autrement dit, il est le garant pour éviter le moindre glissement. « Le suivi des conditions commerciales et toutes les modifications des conditions de vente passent à mon bureau », conclut Yann Quiniou.Frédéric Hasting

latribune.fr

07 Févr 2010, 23:49

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