L'euro pris d'assaut sur tous les fronts

C'est un blizzard qui s'est abattu sur l'euro. Comme celui qui a accueilli les acteurs du G7 finances le week-end dernier lorsque leur hôte canadien les a reçus dans le Grand Nord, à Iqaluit, la capitale du Nunavut. Dérisoire G7, qui maintient ses réunions en dépit de sa quasi-destitution au profit d'un G20 qui cherche encore ses marques. Et pourtant, au temps de sa splendeur, il aurait eu du pain sur la planche. Mais c'est une première : les grands argentiers des pays encore supposés être les plus riches du monde n'avaient pas d'ordre du jour officiel et n'ont pas publié de communiqué final. La première de leur préoccupation eût été l'inflexibilité chinoise à l'égard de son yuan, dont la sous-évaluation fausse les règles du jeu monétaire international. Alors que Barack Obama s'en est une nouvelle fois pris en milieu de semaine dernière à la faiblesse délibérément entretenue du yuan, Pékin a sèchement rétorqué que les excédents chinois avec les États-Unis n'avaient aucun rapport avec la valeur de leur monnaie. Une manière d'évacuer le débat. L'euro aurait aussi été au coeur des discussions, car ses mouvements sont devenus extrêmement désordonnés, le mot honni de feu les gendarmes monétaires du monde. Jamais depuis sa naissance il y a onze ans, l'euro n'a été soumis à d'aussi fortes pressions qui émanent de toutes parts. Laminé par les tumultes budgétaires des pays du « Club Med », la monnaie unique a cédé 3 % de sa valeur face au dollar au cours de la seule semaine écoulée pour tomber à la veille du week-end jusqu'à 1,3595. Depuis son point haut du 25 novembre dernier, la monnaie unique a subi une décote de 11 % par rapport au billet vert et le seuil de 1,35 est à portée de main. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, car tout ce qui fait office de valeur refuge contribue à l'envoyer au tapis. C'est ainsi que le yen s'est retrouvé propulsé à son meilleur cours depuis mars 2009, montant jusqu'à 121,20 pour un euro, soit un gain de 4,5 % au cours des cinq dernières séances. Une montée en puissance qui va de pair avec les craintes concernant les places financières, le yen jouant historiquement le rôle de baromètre de la défiance à l'égard des marchés boursiers, avec lesquels il entretient une corrélation inverse. Enfin, la Banque nationale suisse a dû mettre ses menaces à exécution pour tenter de contrecarrer l'envolée de son franc. Elle serait intervenue sur les marchés des changes pour le faire rentrer dans le rang après son incursion, vendredi, à un point haut de quinze mois, à 1,4560 pour un euro.
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