La Normandie impressionniste

S'il est bien établi que le courant impressionniste est né à Paris en 1863 lors du fameux Salon des Refusés, il faut se déplacer de quelques kilomètres pour en trouver le berceau. C'est en Normandie que le mouvement s'est développé. À cette époque, le chemin de fer rend bien plus aisé l'accès à la capitale. Plus besoin d'y habiter pour rencontrer clients et marchands d'art. Nombre d'artistes s'installent alors en campagne, le plus souvent non loin de la Seine et de ses affluents.À cette époque, le paysage s'industrialise. Des ponts métalliques enjambent les fleuves, de hautes cheminées d'usines pointent vers les nuages. Les citadins quant à eux se rendent volontiers le dimanche au bord de l'eau. Le canotage et la navigation sont des activités en vogue.Ces bouleversements, les peintres les captent sur leurs toiles. Le musée des Impressionnismes de Giverny en a fait l'objet d'une exposition, « l'Impressionnisme au fil de la Seine ». Cinquante-cinq toiles au total peintes entre les années 1870 et 1910 par les incontournables Monet, Renoir, Matisse, Pissaro, Signac ou Seurat. Le tout sagement accroché en enfilade et ordre chronologique. L'exposition se veut didactique, elle l'est. Mais face à ces tableaux souvent connus, épicer l'accrochage d'un zeste d'originalité aurait été bienvenu.Heureusement, quelques toiles suscitent, par elles-mêmes, l'enthousiasme. Ainsi, deux oeuvres de Caillebotte se détachent. Tout d'abord parce que - l'une venant d'une collection particulière et l'autre ayant voyagé depuis la National Gallery de Washington - l'occasion est rare de les voir. Ensuite, parce que Caillebotte y déploie une technique magistrale, quasi photographique. Il nous invite non seulement à observer, mais aussi à vivre les scènes. Avec « Partie de bateau », nous partageons le canot d'un bourgeois coiffé d'un chapeau haut de forme. Dans « les Périssoires », l'artiste joue des reflets du soleil sur l'eau avec une hardiesse géniale et étonnamment moderne.L'exposition entière aurait pu susciter cet enthousiasme. Surtout que, depuis son inauguration l'an passé, le musée avait su convaincre avec « les Jardins de Monet » ou l'audacieuse rétrospective consacrée à Joan Mitchell, qui resteront dans nos mémoires, contrairement à « l'Impressionnisme au fil de la Seine ». n« L'Impressionnisme au fil de la Seine », au musée des Impressionnismes de Giverny, jusqu'au 18 juillet. Renseignements : 02.32.51.94.65 ? www.mdig.fr. Catalogue coédité par le musée des Impressionnismes et Silvana Editoriale, 29 euros.
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