Orco Property se défend bec et ongles

Assailli de toutes parts, que ce soit du côté des obligataires bien décidés à récupérer leur créance, que de celui de certains de ses actionnaires qui réclament sa tête, Jean-François Ott, le patron de la foncière Orco, n'a pas dit son dernier mot. Comme en témoigne sa dernière botte secrète : selon nos informations non confirmées par la direction, il serait sur le point d'annoncer un placement privé auprès de deux de ses actionnaires historiques. Et ce, pour un montant qui pourrait avoisiner 6 millions d'euros. Augmentation de capital réservée qui présente un double avantage : redonner un peu d'oxygène au groupe en train de rénégocier sa dette auprès de ses principaux créanciers et diluer les trublions entrés récemment au tour de table avec la ferme intention de révoquer les dirigeants et le conseil d'administration. La loi luxembourgeoise (où est situé le siège d'Orco) autorise l'entreprise à procéder à une telle levée de fonds sans avis préliminaire des actionnaires ou du tribunal de commerce (sous l'autorité de laquelle est placée la foncière, en procédure de sauvegarde depuis plus d'un an) car elle ne représente pas plus de 10 % du capital existant. Jean-François Ott envisageant d'obtenir sous peu 20 à 30 millions d'euros supplémentaires.Sommé par les actionnaires récalcitrants - à la tête aujourd'hui de 10 % des parts - de convoquer une assemblée générale extraodinaire, le groupe a fixé au 26 avril la date des réjouissances. La réunion promet un beau suspens. Jean-François Ott et son conseil conserveront-ils leurs sièges ? Les actionnaires rebelles, menés par l'ex-patron du tribunal de commerce de Paris Jean-Pierre Mattei, auront-ils gain de cause ? Au delà du résultat de cette joute, le redressement de l'entreprise passe par la pertinence de son plan de redressement. Dès 2009, l'équipe dirigeante a essayé d'adapter la voilure à un marché de l'immobilier commercial exsangue. En dépit de son importante réserve foncière, Orco n'a plus les moyens de financer tous les projets qu'il avait en soutes. D'où les mesures déjà prises de concentrer son activité sur deux métiers : celui d'une pure foncière mais aussi la promotion résidentielle et commerciale sur un nombre très limité de villes (en l'occurence Prague, Varsovie, Berlin et Budapest). La dette consolidée de la société atteint aujourd'hui 1,5 milliard d'euros dont 1 millard de dette bancaire et 500 millions d'endettement obligataire. « La dette bancaire ne pose pas réellement de problème. Elle est supportable et négociable », convient Nicolas Tommasini, le directeur financier d'Orco. Il n'en va pas de même pour la dette obligataire. « L'essentiel est d'adapter la structure du bilan au nouveau cycle immobilier qui s'annonce », ajoute-t-il. C'est bien la raison pour laquelle le plan de sauvegarde présenté au tribunal et en cours d'examen, prévoit le remboursement de 100 % de la créance obligataire sur 10 ans. Verdict début mai. D'ici là, le vote des actionnaires aura peut-être rebattu toutes les cartes. Pascale Besses-Boumard
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