Total se renforce dans les sables bitumineux canadiens

La troisième tentative aura été la bonne. Après avoir vu ses offres rejetées par deux fois en 2009, Total est finalement parvenu à convaincre le canadien UTS Energy de se laisser racheter. Pour emporter l'adhésion des actionnaires de l'entreprise, le pétrolier français a substantiellement amélioré sa proposition, qui a reçu un accueil favorable du conseil d'UTS. Il offre ainsi 3,08 dollars canadiens par action UTS, valorisant la société à 1,15 milliard de dollars canadiens, soit 860 millions d'euros, plus du double de ce qu'il proposait en janvier 2009. Avec cette acquisition, dont la réussite est conditionnée à l'apport de deux tiers des titres d'UTS, Total renforcera ses positions dans les sables bitumineux canadiens. Il pourra en particulier mettre la main sur les 20 % détenus par UTS dans le projet Fort Hill, qui représente globalement des ressources d'environ 3,4 milliards de barils de bitume. Autre projet à MadagascarDans leur recherche effrénée de nouvelles sources d'hydrocarbures, les majors, largement privées des réserves faciles d'accès du Moyen-Orient, misent notamment sur le Canada. Le pays détient peu de pétrole conventionnel, mais de colossales accumulations de sables bitumineux. Ses quelque 170 milliards de barils de ce pétrole non-conventionnel en font le deuxième pays du monde en termes de réserves, derrière l'Arabie saoudite. Aujourd'hui, le Canada apporte une contribution minime à Total. Le groupe y produit 8.000 barils par jour, à peine 0,3 % de sa production. Mais cette proportion sera amenée à progresser. À fin 2009, les réserves prouvées de bitumes de Total, qui a aussi un autre projet dans le domaine à Madagascar, représentaient environ 4 % de l'ensemble de ses réserves. Avec la mise en production de différents projets, la major française prévoit de porter sa production au Canada à 250.000 barils par d'ici à 2020, soit un peu plus d'un dixième de sa production actuelle. Du point de vue d'un pétrolier, les sables bitumineux canadiens ont le gros avantage de se situer dans un pays juridiquement stable et ouvert à l'investissement privé. Exxon, BP, Shell, Chevron, Total ou le chinois Sinopec y ont tous pris position. Mais ils présentent deux inconvénients de taille. Chers à produire, ils ne sont rentables qu'à partir d'un prix de vente de 80 dollars le baril. D'où l'interruption de nombreux projets l'an dernier lorsque les cours du brut avaient plongé. « Catastrophe écologique mondiale », selon Greenpeace, la production de pétrole à partir des sables bitumineux est également très polluante. L'extraction du bitume de ces sables et sa transformation en un brut commercialisable consomment énormément d'eau, d'énergie (0,2 baril par baril produit), peut entraîner des rejets d'eaux polluées, et dégage deux à trois fois plus de gaz à effet de serre que la production de brut conventionnel.
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