Fenêtres PVC, batteries de voiture ou circuits électriques : l'antimoine, un métal blanc brillant, entre dans la composition de nombreux objets du quotidien. Utilisé en quantités infimes, comme lorsqu'on le mélange à des fibres de tissu d'ameublement, l'antimoine permet de limiter la propagation du feu, même s'il est aussi toxique que l'arsenic. Avec un envol de 66 % depuis le début de l'année, l'antimoine est aussi le plus performant des métaux non ferreux. Coté à Shanghai, il a grimpé jusqu'à un plus-haut historique ces derniers jours, soit 71.000 yuan (10.461 dollars la tonne) sur le marché au comptant de Chang-jiang à Shanghai.Les achats massifs qui ont provoqué cette hausse s'expliquent par une limitation des quotas d'exportation du premier producteur, la Chine. Comme beaucoup de petits métaux, l'antimoine est surtout exploité en Chine : en 2009, 90 % de la production en était issue. Or cette année, le métal risque d'avoir de la peine à sortir du pays. Les quotas de production ont été limités à 100.000 tonnes pour 2010, alors que le pays avait extrait près du double l'année dernière.FuitesLa principale région productrice, le Hunan, devrait limiter la production de ses mines afin de respecter les quotas imposés par l'État central. Les mines d'antimoine sont aussi affectées par le projet de fermeture des plus petites mines peu rentables et trop polluantes, phénomène qui a incité certaines mesures radicales comme l'interruption des livraisons d'électricité. Comme pour les terres rares (« are earth »), ou les métaux mineurs relativement chers et également soumis à un régime de quotas, la Chine craint que l'antimoine ne quitte le pays sous forme cachée. Notamment dans des alliages ou des plastiques déjà finalisés plutôt que sous sa forme pure. Provoquant une diminution des ressources pour le pays. Le contrôle plus sévère de la production devrait éviter ces fuites d'antimoine. « Les régulateurs locaux ont multiplié les contrôles ces derniers temps après une série d'intoxications au plomb », assurent les experts de l'US Geological Survey, qui soulignent aussi que l'extraction a été perturbée dans le Yunnan par la sécheresse.Le fait que la Chine mette un frein aux exportations d'antimoine devient un problème alors que de nombreux pays, à l'instar de la France, en ont abandonné la production ces dernières années faute de recettes suffisantes. Il ne reste aux États-Unis qu'une fonderie d'antimoine, dans le Montana, et les autres pays producteurs comme la Bolivie, l'Afrique du Sud ou le Tadjikistan ne peuvent augmenter leurs capacités de production rapidement. A. R.

latribune.fr

18 Sept 2010, 9:48

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