La Banque d'Angleterre a décidé de patienter encore un peu. Malgré les appels à un nouvel assouplissement monétaire quantitatif, elle a décidé de ne pas agir lors la réunion de son comité de politique monétaire (CPM) ce jeudi: les taux restent à 0,5% (inchangés depuis mars 2009) et le plan d'action quantitatif aussi, avec 200 milliards de livres (230 milliards d'euros) d'actifs achetés par la Banque d'Angleterre.Les neuf sages divisésPourtant, tout laisse penser que cet apparent immobilisme cache de fortes tensions au sein de la Banque d'Angleterre. « Il semble extrêmement probable que le comité de neuf Sages soit divisé en trois » estime Howard Archer, économiste à Global Insight.D'un côté se trouve l'un de ses membres, Andrew Sentance, qui vote depuis plusieurs mois pour une hausse des taux, inquiet d'une inflation à 3,1 %, loin au-dessus de l'objectif officiel de 2 %. De l'autre se trouve Adam Posen, un autre membre du CPM, qui a lancé un pavé dans la mare lors d'un discours le mois dernier: il réclame un nouveau plan d'assouplissement quantitatif, soucieux du soudain ralentissement de l'économie britannique, après une croissance de 1,2% du PIB au deuxième trimestre. Dernier chiffre en date, publié ce jeudi : l'immobilier a reculé de 3,6 % en septembre, selon Halifax, ce qui confirme la tendance à la baisse de l'immobilier depuis presque six mois. Le troisième camp, majoritaire, est partisan d'un maintien du statu quo.Pour l'instant cependant, la plupart des économistes estiment que si la croissance ralentit, le retour à la récession est peu probable. Le NIESR (National Institute of Economic and Social Research) calcule que le PIB a augmenté de 0,5 % au troisième trimestre. « Dans un scénario pré-crise, il nous semble clair que la croissance ne serait pas encore assez faible pour desserrer davantage la politique monétaire, estiment les économistes de Goldman Sachs. Mais les repères d'avant la crise ne semblent ne plus s'appliquer. »Charles Goodhart, ancien membre du CPM, estime pour sa part que la Banque d'Angleterre pourrait envisager de faire un nouveau geste, en réagissant à deux éléments : « d'ici à la prochaine réunion du CPM en novembre, la première estimation de la croissance du troisième trimestre sera publiée, et le plan de rigueur sera dévoilé le 20 octobre. Selon la réaction à ces deux événements, la Banque d'Angleterre pourrait vouloir agir. »Eric Albert, à Londre

latribune.fr

07 Oct 2010, 23:33

Partager :