Avions ravitailleurs  : EADS tenté de se jeter dans la bagarre

Une réunion d'étape qui pourrait être décisive... C'est ce vendredi que les principaux responsables d'EADS et d'Airbus se rencontrent à Munich pour faire un point sur le dossier des avions ravitailleurs américains. Réunis autour de Louis Gallois, le président du groupe européen, ils vont d'abord écouter les évaluations, par les deux dirigeants de EADS North America, Ralph Crosby et Sean O'Keefe, des propositions des trois groupes américains candidats à devenir leur futur partenaire pour l'appel d'offre du Pentagone qui veut acquérir 179 avions ravitailleurs. « Nous n'avons pas encore choisi », indiquent des sources concordantes à « La Tribune », alors que la presse citait L-3 Communications comme le partenaire d'EADS. Outre L-3 Com, qui a des partisans au sein du groupe au point de vouloir forcer la décision, EADS devra choisir entre Raytheon et BAE Systems North America.C'est à la lumière de ces propositions que EADS aura une grande partie des cartes pour se lancer ou non dans cette nouvelle compétition estimée à 35 milliards de dollars. Une chose est sûre, le groupe ne s'engagera que s'il a une chance de gagner dans le cadre d'une compétition loyale et transparente, assure une source proche du dossier. L'est-elle vraiment ? Le Pentagone a prolongé de 60 jours le délai de remise des offres alors que les responsables d'EADS en réclamaient 90. « Trois mois, c'était un délai déjà très juste, mais 60 jours cela relève de la mission impossible pour déposer une offre conforme (compliant) », confirme-t-on dans le groupe. D'autant qu'EADS doit trouver un nouveau partenaire américain et s'approprier toute la partie de maîtrise d'oeuvre du programme qu'il avait laissée à Northrop Grumman. Les deux anciens alliés sont d'ailleurs en train de négocier le prix de ce travail. Enfin, le Pentagone a avancé de quelques semaines le choix, pour ses ravitailleurs, entre le B767 de Boeing et l'A330 MRTT d'Airbus. Un choix qui tombera donc en pleine campagne pour le renouvellement d'une partie du Congrès, à mi-mandat de Barack Obama. Si tel est le cas, les responsables d'EADS ne se font aucune illusion sur l'issue de la compétition.Une question d'imageLe groupe est réellement tenté de se jeter dans la bagarre, surtout depuis qu'il a été accepté en tant que maître d'oeuvre par le Pentagone. Ce qui le référencie sur le plus grand marché mondial de la défense et renforce son image de groupe global. Il a aussi envie de pousser Boeing à faire des efforts sur les prix, même si ce dernier ne peut plus présenter une offre délirante comme il l'avait fait lors du premier appel d'offres. Lors du deuxième, l'offre d'EADS était sortie moins chère par avion que celle de Boeing, l'US Air Force ayant rajouté un facteur risques à l'américain. Pour autant, le contexte reste largement défavorable au groupe européen. Et s'il décidait de ne pas y aller, résisterait-il à la pression de l'Elysée dont le locataire avait promis à Barack Obama que EADS irait dans le cadre d'une compétition « libre et loyale ». Certains en interne en doutent. n
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