Chute de la rémunération du livret A : que vont faire les épargnants ?

La rémunération du livret A baissera le premier août, c\'est certain, compte tenu de son mode de calcul, basé sur les taux d\'intérêt à court terme et la hausse des prix. Mais de combien ? Selon la formule établie, et compte tenu de taux d\'intérêt très faibles, le placement le plus populaire de l\'année 2012 devrait voir sa rémunération chuter fortement. En effet, si l\'on applique la loi, le rendement des livrets dépend aujourd\'hui de la hausse des prix (hors tabac), auquel on ajoute 0,25 point. Le dernier indice des prix, celui du mois de mai, fait état d\'une hausse de 0,7% sur un an. C\'est sur la base de l\'indice du mois de juin, publié le 11 juillet par l\'Insee, que le calcul sera établi. L\'inflation sur 12 mois sera sans aucun doute du même ordre que celle constatée en mai.Si l\'on retient le chiffre de 0,7%, l\'application stricto sensu de cette formule aboutirait donc à une rémunération de 0,95% pour le livret A - sans doute arrondie à 1%- , contre 1,75% aujourd\'hui.Décision d\'ici le 15 juilletCe taux de 1% va-t-il donc être décidé le 15 juillet, pour application le premier août ? Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, le dit, qui estime que la rémunération devrait se situer dans une fourchette de 1 à 1,25% « voire un peu plus bas », si l\'on applique la formule ad hoc.1,25%, « ça me paraît être un chiffre vers le haut (de la fourchette) « affirme-t-il. C\'est à lui qu\' appartient la décision d\'appliquer ou non strictement la loi, ou de choisir un taux plus favorable aux épargnants.Difficile, \"politiquement\", d\'aller sous 1,5%, estime Jean-Pierre JouyetMais l\'un des principaux intéressés, Jean-Pierre Jouyet, directeur général de la Caisse des Dépôts et consignations, ne croit pas vraiment à une telle baisse. « Si l\'on raisonne de façon mécanique\", a-t-il dit, \"on devrait descendre entre 1% et 1,25%\". Mais « politiquement, on peut considérer qu\'il ne faudrait pas baisser le taux au-dessous des 1,50% ». Les pressions venant du gouvernement risquent d\'être fortes, en effet, d\'ici le 15 juillet.La rémunération du livret A évolue par quart de point. Autrement dit, le premier août, ce sera 1% , 1,25% ou 1,50%. Descendre à 1% reviendrait à afficher la rémunération la plus faible de l\'histoire du livret A (en termes nominaux, bien sûr, sans prise en compte de l\'inflation). L\'exécutif est-il prêt à un tel affichage ?Un taux de 1,25% ramènerait au plus bas, enregistré sous SarkozyA l\'évidence, non. Baisser le rendement jusqu\'à 1,25%, ce serait revenir au niveau le plus faible jamais enregistré, celui de 2009, décidé sous Nicolas Sarkozy. Là aussi, l\'affichage n\'est pas fameux.Même si, dans les faits, la rémunération du livret A a pu être négative, en termes réels - si l\'on déduit l\'inflation- au cours des années 80. Mais l\'illusion monétaire a la vie dure...Christian Noyer a beau jeu de rappeler la contradiction à laquelle est confronté le gouvernement. Le gouverneur rappelle qu\'il existe \"deux objectifs, deux impératifs\": le premier, » c\'est de \"favoriser la construction de logements sociaux, c\'est une nécessité (...). C\'est absolument incontestable, c\'est une urgence\" , le deuxième, « c\'est permettre aux PME de se financer avec les taux les plus favorables possibles\", explique-t-il. Deux objectifs qui passent par des taux d\'intérêt bas, et donc une faible rémunération de l\'épargne, qui entrent en contradiction avec un troisième, également souligné par Christian Noyer : \"bien sûr, il faut préserver le pouvoir d\'achat pour les épargnants\". Cependant, \"il ne faut pas se voiler la face: on ne peut pas avoir à la fois les taux les plus élevés possibles de rémunération de l\'épargne et les taux les plus bas possibles par la Caisse des dépôts pour les prêts aux logements sociaux, aux collectivités locales ou les taux les plus bas possibles des banques pour les PME\" résume Christian Noyer.Aujourd\'hui, la Caisse des dépôts est contrainte de pratiquer des taux d\'intérêt parfois supérieurs au marché, pour financer le logement social. En effet, à la rémunération de l\'épargnant (1,75%) s\'ajoutent celle des intermédiaires (banques...), pour 0,6%, ainsi que le coût de gestion pratiqueA 1% de rémunération, des effets importants sur l\'allocation de l\'épargneQuel sera l\'effet de la baisse du rendement des livrets ? Tout dépend bien sûr de son ampleur. Dans l\'hypothèse, politiquement correcte, d\'un taux en faible baisse, ramené de 1,75% à 1,5%, une diminution de la collecte serait peut-être enregistrée à court terme, pendant un mois, mais une normalisation se ferait sentir rapidement. En revanche, si le taux revient à 1%, des arbitrages plus importants seraient possibles. La rémunération de l\'assurance vie a beaucoup baissé, ces derniers mois, se rapprochant de la zone des 2%. Compte tenu des 15% de prélèvements sociaux, et du blocage des fonds, le livret A devenait plus intéressant, aux yeux des épargnants. Voilà pouquoi, sur les cinq premiers mois de l\'année, la collecte nette de l\'assurance vie a été limitée à 8,1 milliards d\'euros, tandis que celle du livret A et du livret de développement durable a atteint 21,1 milliards.Avec un rendement de 1%, l\'écart entre les deux placements se creuserait à nouveau, au détriment du livret A.Mais ce sont surtout les livrets bancaires qui retrouveraient un certain attrait. 
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