Le dollar rechute à son plus bas niveau depuis un an

changesL'or, qui reste un actif monétaire à part entière comme l'atteste l'attachement des banques centrales à leur encaisse métallique, sème la zizanie sur le marché des changes. L'engouement pour le métal jaune, objet de toutes les convoitises de la part d'investisseurs avides de diversifier leurs actifs, a fait brutalement sortir le billet vert de l'étroite fourchette de transactions face à l'euro dans laquelle il évoluait depuis la mi-juillet, entre 1,4050 et 1,4450. Pour la première fois depuis un an, l'euro a pris d'assaut le seuil de 1,45 dollar, enfonçant le billet vert jusqu'à 1,4530, tandis que son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis refluait à son plus faible niveau depuis septembre 2008. Le rebond de l'activité industrielle dans les grands pays, combiné à la diversification des réserves vers l'or, a aussi accentué le repli du dollar face aux monnaies matières premières, rouvrant le débat sur son avenir, après une période prolongée de rare stabilité. Le dollar reste certes encore éloigné du record historique de faiblesse pulvérisé le 15 juillet 2008 à 1,6038 dollar pour 1 euro, mais les Cassandre ont recommencé à sonner le tocsin. Face à eux, les adeptes du billet vert ne manquent pas non plus d'arguments. Une nouvelle bataille entre anciens et modernes sur l'avenir de la monnaie de réserve mondiale s'est ouverte, qui divise à nouveaux les stratèges du marché des changes. Les tenants d'une rechute du dollar pointent le retour sur le devant de la scène des déficits, l'ancestrale casserole de la monnaie américaine. Ce n'est pas un hasard si le dollar a flanché le jour même de la publication du solde commercial de l'Allemagne, qui a enregistré un excédent bien plus substantiel qu'anticipé, de 13,9 milliards de dollars pour juillet. Sur fond d'explosions du déficit budgétaire des États-Unis à plus de 1.000 milliards de dollars (1.270 sur les dix premiers mois de l'année), le déficit de la balance des comptes courants devrait lui aussi se dégrader. Il passerait de 2,9 % du PIB cette année à 3,2 % en 2010 et 3,5 % en 2011. Pour le financer, l'Oncle Sam a besoin de drainer 1 milliard de dollars par jour d'épargne internationale. Or, constatent les « ours » ? les baissiers ? les achats nets de titres américains à long terme par les investisseurs non résidents sont inférieurs au déficit commercial depuis le début de l'année, ce qui ne s'est pas vu depuis 1994, l'année d'une des baisses les plus retentissantes du dollar, tombé alors à des planchers historiques face au yen et au deutsche mark. Il faudrait donc que s'instaure une prime de risque sur le dollar pour que le financement du déficit soit assuré. Les « taureaux » ? le clan des haussiers ? rétorquent que l'augmentation du taux d'épargne, remonté à 6 % des revenus, au plus haut depuis 1998, alors qu'il était nul il y a un an, change radicalement la donne. Le même clan rappelle en outre que l'écart entre le taux directeur de la Fed, voisin de zéro et les rendements à dix ans (3,46 % hier), se rapproche du seuil de 4 % qui a toujours été, historiquement, favorable au dollar. La partie de bras de fer promet donc d'être haletante.
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