L'enquête de BP sur la marée noire éclabousse ses sous-traitants

Pouvait-il en être autrement ? Le rapport d'enquête interne de BP sur l'explosion de la plate-forme « Deepwater Horizon », publié mercredi, conclut à la responsabilité partagée des différents acteurs impliqués dans le forage du puits de Macondo, qui a tué onze personnes et entraîné la plus grave marée noire de l'histoire des états-Unis. L'accident résulte non d'une « action ou d'une absence d'action unique » mais « d'une série complexe et imbriquée de défaillances mécaniques, d'erreurs de jugement, de conception d'ingénierie, de mise en oeuvre opérationnelle et de coopération entre équipes », souligne ce document. Dans un communiqué publié séparément, le directeur général de BP sur le départ, Tony Hayward, enfonce le clou : « Plusieurs acteurs, incluant BP, Halliburton et Transocean sont impliqués ». BP a mené son enquête pendant quatre mois avec une équipe composés d'experts internes à l'entreprise mais également externes, sous la houlette du chef de la sécurité du groupe, Mark Bly. Le pétrolier relève huit points à la source de la cause de l'explosion de la plate-forme, un flux de gaz entré par la base du tubage du puits et remonté en surface. BP s'exonèreParmi ceux-ci, des « faiblesses » dans la mise au point et les tests de la cimentation, assurée par le groupe de services Halliburton ; la mauvaise interprétation, par les équipes de BP et du propriétaire de la plate-forme Transocean, des résultats d'un test de pression du puits ; le repérage tardif par les équipes de la plate-forme de la remontée de gaz ; l'absence d'effet de l'activation d'urgence du bloc obturateur du puits, la pièce permettant de bloquer toute remontée incontrôlée des productions, située au fond de l'océan. « Sur la base de ce rapport, il apparaît improbable que la conception du puits, dont BP est responsable, ait contribué à l'accident », souligne ainsi le directeur général, Tony Hayward.Les conclusions de ce rapport exonèrent donc implicitement BP de toute négligence grave. Ce point est crucial pour l'entreprise, car il peut faire varier d'un facteur quatre le montant de l'amende encourue par le groupe dans le cadre de la loi américaine du Clean Water Act. Ce texte prévoit en effet une pénalité de 1.100 dollars par baril échappé en mer en cas de marée noire, pouvant être portée à 4.300 dollars en cas de négligence grave. Soit, pour le groupe, compte tenu des quelque 4 milliards de barils échappés, des pénalités pouvant aller de 5 milliards de dollars à 17 milliards de dollars. Le rapport de BP ne manquera pas d'être largement commenté et contesté. Transocean a ainsi accusé BP de dissimuler plusieurs « éléments cruciaux » ayant conduit à l'accident. Dans un document publié en juin, la Commission sur l'énergie du Congrès américain était arrivée à des conclusions bien éloignées de celles du pétrolier, lui reprochant une prise de risque récurrente destinée à réduire ses coûts, notamment dans la conception de son puits. Dans son rapport, BP reconnaît d'ailleurs que « d'autres pourraient arriver à des conclusions différentes et donner un poids différent à certaines informations ». Actuellement, le département américain de la justice poursuit ses investigations sur l'accident, mais d'autres instances américaines travaillent sur le sujet, au civil comme au pénal.Une certitude s'impose toutefois à la lecture du document : BP, qui a jusqu'à présent endossé l'intégralité des coûts liés à la marée noire (8 milliards de dollars) et provisionné quatre fois plus sur son dernier trimestre, n'a pas la moindre intention d'être la seule à porter le chapeau.
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