Un bout d'ex-RDA reconverti dans l'énergie solaire

Il y a vingt ans, Bitterfeld était l'un des trois plus grands sites chimiques du Vieux Continent. En République démocratique allemande (RDA), elle était connue comme « la ville la plus polluée d'Europe », du moins depuis que l'écrivaine est-allemande Monika Maron en avait fait la description dans son premier roman paru à l'Ouest en 1981.« Bitterfeld et son quartier de Greppin étaient simplement gris : c'était le quotidien, cela puait tant qu'en la traversant en train on identifiait l'endroit les yeux fermés », se souvient Uwe Schmorl, habitant la ville depuis trente ans. Cet ancien ouvrier spécialisé a été l'un des artisans de la métamorphose de la cité. Contre toute attente, Bitterfeld est réputée aujourd'hui dans le monde entier pour sa Solar Valley, abritant une pépinière d'entreprises spécialisées dans le développement de technologies solaires, dont Q-Cells, un des leaders mondiaux de la production de panneaux et cellules solaires.2.600 salariésFondée en 1999 au fond d'une cour du quartier de Berlin-Ouest de Kreuzberg par des ingénieurs alternatifs et écologistes, Q-Cells s'est implantée à Bitterfeld presque par hasard. Ses créateurs n'avaient guère envie de s'y installer mais Berlin ne pouvait leur offrir l'espace nécessaire pour leur usine. La ténacité des élus locaux de Bitterfeld-Thalheim à les convaincre a fait le reste. « Dans la compétition avec les autres villes pour attirer des investisseurs, il faut non seulement disposer de superficies industrielles adéquates et d'une main-d'?uvre dynamique mais aussi que l'investisseur perde le moins de temps possible dans les démarches administratives entre son idée initiale et le lancement de sa production », explique Petra Wust, maire de Bitterfeld. « Et c'est une qualité que l'on nous reconnaît, notamment pour l'installation de Q-Cells ici », ajoute-t-elle. De fait, en moins de six mois, Q-Cells put lancer sa production de cellules solaires à Bitterfeld. « À l'époque, nous étions environ une trentaine d'employés, il a fallu beaucoup improviser et c'était surtout du travail manuel », se souvient Uwe Schmorl, alors recruté comme responsable de la production par les Berlinois de Q-Cells. Depuis, la firme compte 2.600 salariés et est cotée en Bourse depuis quatre ans. Avec le boom des énergies renouvelables, Q-Cells a fait des petits et plusieurs de ses filiales peuplent la Solar Valley de Bitterfeld. Point noirSeul point noir, l'effet conjugué de la crise financière et de la chute des prix de ses produits a pour la première fois cette année mis à mal son irrésistible ascension. La firme va se séparer de 500 salariés à Bitterfeld et craint l'impact de la réduction des subventions à son secteur. « Vingt ans après la chute du Mur, nous incarnons toutefois la reconversion réussie en ex-RDA, même s'il nous manque toujours des emplois », résume la maire de Bitterfeld. En 1990, le chancelier Helmut Kohl avait promis de « transformer » la RDA en « des paysages florissants ». Deux décennies plus tard, l'ex-capitale européenne de la pollution lui donne étonnamment raison.n
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