« Louis Dreyfus Armateurs ne peut pas se désintéresser du sort de CMA CGM »

Quelle est votre analyse de la crise qui affecte très sévèrement le transport maritime ?Dans le transport en vrac [matières premières, céréales, etc., Ndlr], qui est notre activité historique, la crise a été très forte en septembre 2008. Entre juin et septembre de cette même année, les taux de fret (tarifs de location des navires) ont dévissé de 95 %. La situation s'est un peu inversée depuis, car la Chine notamment a reconstitué ses stocks. Mais nous considérons que les prix du transport de vrac seront à nouveau en baisse en 2010-2011. Le marché ne pourra pas supporter une hausse de 50 % à 60 % du nombre de navires, comme le carnet de commandes actuel des chantiers navals nous le fait craindre.Comment votre groupe traverse-t-il ces périodes mouvementées ?Nous avions été parmi les seuls à prévoir la crise, liée en grande partie à un trop grand nombre de navires en commandes. Alors que tout le monde achetait des navires, nous avons vendu une dizaine d'unités de grande taille. Nous avons aussi poursuivi la stratégie mise en place lors de mon arrivée à la tête du groupe familial en 1996. Nous avons réorienté la société vers des activités moins fluctuantes, même si ces dernières sont moins rentables dans les bons moments.De quelles activités s'agit-il ?Nous avons développé le principe de navire dédiés à des industries particulières, souvent en partenariat. Notre flotte comprend ainsi des câbliers, des bateaux servant à effectuer des relevés sismiques, ou à transporter des composants d'avions. Nous avons aussi développé des activités de logistique charbonnière ou de services offshore. Nous espérons d'ailleurs mettre en place à Cherbourg un nouveau concept de port offshore, déjà créé par nos soins à l'étranger et qui permet de charger et décharger en mer les gros navires. Nous sommes aussi présents dans le transport de passagers et dans les autoroutes de la mer.Ce concept d'autoroute de la mer vous paraît-il viable ?Nous avons perdu beaucoup d'argent dans ce secteur, mais nous y croyons. Il s'agit en fait d'un problème d'aménagement du territoire. Les navires devraient être considérés comme de l'infrastructure et financés comme tels. Il faudrait mettre en place une délégation de service public et instaurer une politique incitative envers les transporteurs routiers.En 1996, lorsque vous en avez repris les rênes, LDA allait mal. Où en êtes-vous aujourd'hui ?Notre chiffre d'affaires tourne autour de 1,5 milliard d'euros, réalisé pour moitié dans le vrac et pour moitié dans les autres activités. Louis Dreyfus Armateurs gagne très bien sa vie, c'est une société saine, sans dette et avec du cash.Votre nom a été cité dans le dossier CMA CGM, comme un des partenaires financiers éventuels.En tant que société maritime française, par solidarité, nous ne pouvons pas ne pas nous intéresser au sort d'un très beau groupe français, qui emploie beaucoup de navigants et de sédentaires français, avec une place mondiale importante. n
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