La livre monte en première ligne

Les dirigeants britanniques ne s'en cachent pas : la faiblesse de la livre sterling constitue une véritable bénédiction qu'ils ont même eu récemment tendance à encourager. Au grand dam des responsables de la zone euro, qui doivent encaisser le double choc de compétitivité d'une livre et d'un dollar fondants. D'autant que l'agence Moody's a apporté mardi sa contribution à la dérive du sterling en comparant les prestigieux triple A des grands pays et en indiquant que, même si aucune de ces notes n'était vulnérable, celles de la Grande-Bretagne et des États-Unis étaient plus fragiles que les notes des dettes souveraines de l'Allemagne, de la France et du Canada considérées comme « résistantes ». La monnaie de Sa Majesté a encaissé le coup en abandonnant près de 1 % de sa valeur, pour refluer jusqu'à 1,6475 dollar et 0,9095 pour un euro.Tout en soulignant que le déficit public de la Grande-Bretagne n'avait pas atteint le point de non-retour qui justifierait un abaissement de sa note souveraine, l'agence Moody's a mis le doigt là où cela fait mal. Bien que le chancelier de l'Échiquier, Alistair Darling, admette préférer être critiqué pour avoir allégé le dispositif de soutien d'urgence à l'économie « trop tard, plutôt que trop tôt », il n'en reste pas moins que le gouffre budgétaire britannique, qu'il s'est engagé à réduire de moitié d'ici à 2014, est devenu abyssal. Selon les chiffres de l'OCDE, la dette publique devrait passer de 75,3 % du PIB cette année à 89,3 % en 2010. Un record absoluQuant au déficit budgétaire, il aura bondi en cinq ans de tout juste un peu plus de 3 % du PIB ? les clous de Maastricht que la Grande-Bretagne n'est pas tenue de respecter puisqu'elle ne fait pas partie de la zone euro ? à 7,1 % en 2008. Et selon les projections du gouvernement de Londres, pour l'exercice fiscal 2010 qui s'achève le 31 mars, le déficit s'élèverait à 175 milliards de livres, soit 12,4 % du PIB britannique, le record absolu de l'histoire moderne. Un puissant répulsif pour les investisseurs potentiels en livres sterling, même si les attaques spéculatives dont elle fait actuellement l'objet n'atteignent pas la même intensité que l'an dernier à pareille époque. Dans les derniers jours de décembre 2008, la livre avait sombré quasiment à parité avec la monnaie unique des Seize, pour la première fois depuis la naissance de l'euro.Isabelle Croizard
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