Consolidation spectaculaire des Bourses mondiales

La course au gigantisme est lancée dans l'univers des opérateurs boursiers. Coup sur coup, deux projets de fusions ont été annoncés dans le courant de la journée de mercredi. Et pas des moindres. En fin de journée, Deutsche Börse et Nyse-Euronext ont confirmé être entrées dans une phase de « négociations avancées » dans l'optique de former la première place boursière mondiale. À elles deux, les entités totaliseraient une capitalisation boursière voisine de 20 milliards d'euros, dans laquelle les actionnaires de l'allemande seraient majoritaires. Cette nouvelle a d'autant plus surpris la communauté financière qu'elle est intervenue quelques heures seulement après la publication du faire-part de mariage de London Stock Exchange (LSE) et de la Bourse de Toronto avec, à la clé, la naissance de la première plate-forme mondiale d'échanges d'actions de groupes spécialisés dans l'extraction de ressources naturelles et la production d'énergie. Pour Jean de Castries, analyste au sein du cabinet Equinox Consulting, « le processus de consolidation est en marche ». Et d'ajouter : « Les opérations de rapprochements sont motivées par des synergies de coûts, un partage des technologies et la volonté d'attirer de grands émetteurs internationaux en proposant une grande capacité transatlantique de traitement de volumes. » L'union entre Nyse et Euronext, officialisée en 2007, avait déjà été pensée dans ce sens. En clair, les opérations de rapprochement favorisent les économies d'échelle dans un environnement ultracompétitif avec la montée en puissance des Bourses des pays émergents (celles de Singapour et de Sydney doivent ainsi se marier) et surtout des plates-formes alternatives, nées de l'application de la directive MIF sur les instruments financiers. Ces dernières sont concentrées principalement sur les échanges de titres appartenant à des indices boursiers, pour des coûts d'exécution extrêmement attractifs. La montée en puissance des activités européennes de Chi-X et BATS, qui discutent, elles aussi, en ce moment d'un projet de fusion, en est une parfaite illustration. Les deux plates-formes boursières ont taillé de belles croupières à Euronext et à la Bourse de Londres. D'après les données de Thomson Reuters, en Grande-Bretagne, leur part de marché cumulée est passée de 15,5 % en janvier 2009 à 34,55 % en janvier 2011. Et cela alors que, dans le même temps, le LSE est retombé de 73,13 % à 50,74 %. « Je pense que l'on se focalise un peu trop sur les nouveaux entrants », nuance Axel Pierron, analyste chez Celent. Selon lui, « le débat est plus global » sachant que les investisseurs manifestent, eux-mêmes, des besoins plus larges. Le meilleur moyen de capter le flux reste encore, d'après l'expert, de proposer une offre standardisée et généraliste. Comme le rappelle Jean de Castries, le fonds de commerce des opérateurs boursiers dits « classiques » ne se résume pas qu'aux revenus provenant de l'exécution d'ordres de Bourse. « L'activité de listing reste très stratégique pour les opérateurs car plus rémunératrice et porteuse de valeur ajoutée que la gestion des échanges de flux, devenue une activité de nature industrielle. »
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