La normalisation des primes de risque pénalise l'Allemagne

Depuis les plus-hauts atteints au moment de la crise irlandaise, le surcroît de rémunération (ou « spread ») exigé par les investisseurs pour détenir de la dette des États européens en difficulté plutôt que des titres allemands a sensiblement diminué. Mais après avoir grimpé violemment, ce sont moins les taux des États « périphériques » qui se sont détendus que ceux des pays les plus sûrs qui sont remontés. Dans le cas de l'Espagne, le « spread » s'établissait mercredi à 200 points de base (soit 2 %) de plus que le taux des titres allemands à 10 ans, contre 280 points. Dans le même temps, le taux espagnol s'est seulement dégonflé de 20 points, à 5,30 %. Le taux allemand a lui grimpé de 60 points, à 3,29 %, flirtant ainsi avec son plus haut niveau de 2010, atteint début janvier. Ce phénomène de réduction des « spreads » couplée à la remontée des taux souverains les mieux notés traduit une certaine normalisation après les craintes de l'été dernier sur la croissance mondiale. À 3,65 %, le taux français est ainsi légèrement supérieur à son plus haut niveau de 2010, atteint en janvier quand l'optimisme économique dominait les marchés. « La remontée des taux des meilleures notations s'inscrit dans le cadre classique de l'accélération de la croissance économique et de l'inflation », souligne Mathieu Chabran, gérant chez Tikehau IM. Mais outre ce processus, les discussions à l'oeuvre pour accroître les fonctionnalités opérationnelles du Fonds de stabilité financière (FESF) de 440 milliards d'euros sont aussi pointées du doigt. « Le rebond des taux des pays coeur s'explique aussi par l'intégration d'une prime de risque liée à la résolution de la crise européenne », estime ainsi Philippe Lespinard, responsable des investissements chez Schroders. « Le Bund est trop cher »Pour Mathieu Chabran, « une solution mutualisée pour résoudre la crise et l'augmentation du FESF conduiront à une convergence des taux souverains ». Mais contrairement à l'alignement à la baisse des taux européens sur la référence allemande qui prévalait avant la crise, ce sont les taux des pays les plus sûrs qui devraient remonter. « Dans tous les cas de figure, le Bund est trop cher. En cas de crise importante, le coût pour l'Allemagne le sera également. Et si une solution crédible est apportée au problème de la dette souveraine au sein de la zone euro, les spreads doivent se resserrer fortement, une partie du mouvement étant faite sur la hausse du taux du Bund », conclut Etienne Pourny, président de Stelphia AM.
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