Grâce à l'euro, Nicolas Sarkozy renoue avec sa politique de crise

Annulation d'un déplacement en Russie et réunion de travail interministérielle dimanche soir à l'Elysée. Après un retard au démarrage, dû à un voyage en Chine, Nicolas Sarkozy met les bouchées doubles pour apparaître en première ligne dans le sauvetage de la zone euro. Comme en septembre 2008, lorsque la crise financière avait touché les rivages européens, le président français donne de la voix contre la spéculation et les agences de notation. Une offensive politique et médiatique qui lui permet de reprendre la main sur la scène politique intérieure. Dans la nuit de vendredi à samedi, à l'issue du sommet extraordinaire de l'Eurogroupe à Bruxelles, Nicolas Sarkozy a salué la « mobilisation générale » pour la monnaie européenne. « Nous ne pouvons pas laisser aller l'euro au gré de la spéculation et des intérêts de quelques spéculateurs. L'euro, c'est l'Europe, l'Europe, c'est la paix sur ce continent. Nous ne pouvons pas laisser défaire ce que les générations précédentes ont construit. C'est ça qui est en cause », a souligné le chef de l'Etat. Samedi, le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a fait l'éloge de la « réponse forte et déterminée » de Nicolas Sarkozy face aux spéculateurs et n'a pas hésité à appeler « chacun, de droite ou de gauche », à se porter « aux côtés du président de la République » dans « cette bataille essentielle » pour l'avenir de l'Europe. Il a estimé que le Parti socialiste avait déjà su faire preuve de « responsabilit頻 en soutenant le plan d'aide à la Grèce, adopté en fin de semaine dernière par le Parlement.A l'UMP, on jugeait même la semaine dernière que le PS était « pieds et poings liés dans l'affaire grecque » puisque l'un des responsables des mesures de rigueur imposées à Athènes n'est autre que Dominique Strauss-Kahn. Le directeur général du FMI, qui sera le 20 mai en « prime-time » sur France 2, est actuellement le favori des sondages pour représenter la gauche à l'élection présidentielle de 2012. Mais l'accord droite-gauche sur le dossier grec n'aura été qu'une parenthèse tant les questions économiques, fiscales et budgétaires sont au coeur du débat politique français à moins de deux ans de l'élection présidentielle. Après l'annonce, jeudi, d'une cure d'austérité en France, avec un gel en valeur des dépenses de l'Etat sur trois ans, une baisse de 10 % des dépenses de fonctionnement et cinq milliards d'euros d'économies sur les niches fiscales, la gauche est repartie en guerre contre Nicolas Sarkozy. Même si François Fillon récuse le terme de « rigueur », un épouvantail politique en France, l'opposition accuse le gouvernement d'utiliser la crise grecque pour donner « un tour de vis social ». « Ce n'est pas de la rigueur ou de l'austérité, c'est du sauve-qui-peut », a asséné l'ancien patron du Parti socialiste, François Hollande, sur Radio J, en dénonçant les coupes dans les budgets « essentiels » de l'éducation, de la santé et de la sécurité et en demandant une nouvelle fois la suppression des avantages fiscaux « accordés depuis trois ans aux plus favorisés, ce qui représente 30 milliards d'euros ». « La rigueur pour la rigueur, ça n'a pas de sens s'il n'y a pas de réforme de fond, notamment celle de la fiscalit頻, a renchéri le député-maire PS d'Evry, Manuel Valls. RhétoriqueFrançois Hollande a également écarté tout consensus sur la gestion européenne de la crise financière, fustigeant le « temps perdu », la « gesticulation » et « l'improvisation dont les chefs de gouvernement et les chefs d'Etat ont fait preuve ces derniers mois, Nicolas Sarkozy en tête ». « Il est temps d'agir, il faut arrêter cette politique verbale », a-t-il lancé.
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