Les cyberjusticiers volent à la rescousse du site WikiLeaks

Avec WikiLeaks, la cybercriminalité prend un nouveau visage. Il y a quelques années, l'archétype du « hacker » était un jeune prodige informatique, isolé dans sa chambre d'étudiant, qui piratait des systèmes d'information pour la beauté de la prouesse technique, voire pour une gloire éphémère. Puis sont arrivés les cybercriminels, agissant en bandes organisées et pour qui le piratage informatique représente un véritable business. Mais, depuis ce mercredi, une nouvelle catégorie de « hackers » est apparue. Dans la droite ligne de Robin des Bois, des centaines de milliers de particuliers dans le monde s'attaquent aux sites Internet des entreprises qui battent froid à WikiLeaks, le site à l'origine de la fuite de 250.000 télégrammes confidentiels de la diplomatie américaine, diffusés par certains médias depuis une semaine. Les géants américains des cartes de crédit MasterCard et Visa ont fait les frais de ces cyberjusticiers, dans la nuit de mercredi à jeudi. Leurs sites Internet ont été mis hors service durant plusieurs heures, de même que le site du gouvernement sudéois, selon le tabloïd « Aftonbladet ». MasterCard et Visa ont en commun d'avoir suspendu - peut-être sous la pression des États-Unis - leurs services au contesté WikiLeaks, qui les utilisait pour recevoir les fonds de ses donateurs. Quant au gouvernement suédois, il avait lancé - quelques jours plus tôt - une demande d'extradition de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks accusé d'agressions sexuelles sur deux Suédoises, et emprisonné à Londres. Le géant du commerce en ligne Amazon, qui a cessé d'héberger WikiLeaks, pourrait bientôt figurer sur la liste des victimes.Puissance des internautesC'est au nom de « la liberté de l'Internet », comme il l'écrit sur son site (anonops.et), qu'AnonOps, qui se décrit - sur son site toujours - comme « un mouvement anonyme et décentralisé, luttant contre la censure », a revendiqué les attaques contre MasterCard et Visa. Des attaques très simples : AnonOps recrute des pirates sur le réseau social Twitter, et leur offre de télécharger sur son propre site une application permettant de lancer une attaque informatique. Celle-ci consiste généralement à submerger le site de requêtes, de façon à provoquer un énorme « bug. » Ce qui, au-delà du manque à gagner pouvant résulter de l'interruption du site, est dommageable pour la réputation des entreprises. Surtout pour des sociétés comme MasterCard et Visa, qui opèrent dans le domaine très sensible de la finance. « Cela montre à quel point tout un chacun est puissant sur Internet », s'inquiète John Walker, de la société Secure Bastion, spécialisée dans la cybersécurité. « Un effet boule de neige risque de se créer, avec un nombre croissant de volontaires pour participer à ces cyberattaques », s'alarme de son côté le spécialiste de la sécurité informatique Imperva.Ironie du sort, ce sont les réseaux sociaux Facebook et Twitter qui ont sanctionné les cyberjusticiers, en suspendant ou en supprimant leurs comptes. Si Twitter s'est refusé a tout commentaire, Facebook a en revanche invoqué l'illégalité des attaques informatiques. À l'inverse, certaines personnalités, sans pour autant justifier l'action des cyberjusticiers, se sont érigées en pro-Wikileaks. À commencer par le président du Brésil, Lula, qui, au nom de « la liberté d'expression », a assuré WikiLeaks de sa « solidarité. »
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