La vie chère est aussi responsable de la révolte

Hommes et femmes, ils défilent dans les rues, une miche de pain à la main. Pour crier leur colère contre la vie chère. Car ce n'est pas seulement la démocratie que réclament les Egyptiens depuis plus de deux semaines, c'est aussi, et surtout, pour exiger des conditions de vie décente qu'ils se sont massivement mobilisés sur la place al-Tahrir. De fait, les prix n'ont cessé de grimper, sous l'effet de la hausse des cours des matières premières agricoles sur les marchés mondiaux, ces derniers mois. En janvier, le taux annuel d'inflation, rendu public hier, a encore progressé, à 10,8 % contre 10,3 % en décembre. L'Égypte, dont l'énorme territoire est quasiment désert, dépend très largement de ses importations de blé et autres céréales de base pour nourrir les 80 millions d'habitants que compte le pays. Chômage des jeunes à 16,7 %Outre les revendications de démocratie qui agitent les foules, ce sont d'ailleurs surtout des revendications à caractère économique qui les maintiennent mobilisées : corruption endémique, volonté d'en finir avec les privations dues à la cherté de la vie, désir d'augmentation des salaires et du niveau de vie. Dans ce pays où 40 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de deux dollars par jour.Comme ailleurs dans la région, notamment en Tunisie, la croissance a été gâchée, et si elle a servi à enrichir l'élite, elle n'a permis ni aux jeunes de trouver un emploi, ni aux fellahs, les travailleurs agricoles, d'améliorer leur niveau de vie. Ainsi, le taux officiel de chômage des jeunes s'inscrit à 16,7 % actuellement. Et les choses ne devraient pas s'améliorer rapidement, puisque selon une analyse du Crédit Agricolegricole, les troubles dans le pays coûteraient quelque 310 millions de dollars par jour à l'économie. Sous la forme notamment de revenus touristiques, dont le pays est actuellement privé. Depuis le début de la révolte, les touristes ont déserté et l'économie a perdu 1,5 milliard de dollars. En conséquence, le ministre de l'Économie vient d'estimer que l'objectif de 5,8 % à 6 % de croissance ne serait sans doute pas atteint... Lysiane J. Baudu et Céline Jeancourt-Galig
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