Le capitalisme français, longtemps atypique avec ses fameux « capitaines » d'industrie inamovibles, tend heureusement à se banaliser. Et même quand deux poids lourds du CAC 40, l'un, symbole de l'économie mixte à la mode tricolore avec son mariage privé-public, France Télécome;lécom-Orange, l'autre, archétype de l'aventure entrepreneuriale de notre pays, le géant mondial des cosmétiques L'Oréalcute;al, changent de président, ce n'est pas un drame. Il s'agit presque, au contraire, d'un long fleuve tranquille tant la succession a été préparée de longue date. Cette double passation des pouvoirs constitue un peu le deuxième tour des évolutions de dirigeants des grandes firmes françaises après les passages de témoin des Jean-Louis Beffa (Saint-Gobain), Claude Bébéar (Axa), Bertrand Collomb (Lafarge) ou Henri Lachmann (Schneider). Les observateurs retiendront le paradoxe : c'est un entrepreneur, passé un temps en cabinet ministériel, qui arrive à la tête de France Télécome;lécom alors que c'est plutôt un salarié modèle de l'interne qui va devenir le président de L'Oréalcute;al. Comme quoi les caricatures n'ont vraiment plus droit de cité dans la galaxie française du business. Et s'il est facile de stigmatiser la part sulfureuse des deux héritages toutes proportions gardées (l'affaire des suicides chez l'opérateur téléphonique, celle autour de Liliane Bettencourt, sa fille, Jean-Marie Banier et Eric Woerth pour L'Oréalcute;al), il faut aussi rendre à ces deux Césars ce qui leur appartient : l'ancrage profond de ces groupes dans le XXIe siècle et dans ses deux révolutions, le numérique et l'essor des pays émergents. C'est sur la base de leur travail de toutes ces dernières années que les nouveaux patrons vont pouvoir construire, avec déjà des idées neuves, mais sans alimenter les polémiques venues ternir en fin de course un bilan plutôt élogieux. [email protected]

latribune.fr

10 Févr 2011, 21:32

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