Le meilleur d'Angoulême

?? Prix du meilleur album (alias le Fauve d'or)Cinq Mille Kilomètres par seconde, de Manuele Fior (Atrabile) Résumé : Piero et Lucia, trentenaires hésitant devant l'éventail des vies possibles, s'aiment mais sont loin l'un de l'autre. Cinq séquences courtes, séparées par une éternité, une fresque intimiste aux teintes sublimées de l'aquarelle.L'avis de Baru : « Un chef-d'oeuvre, élu à la quasi-unanimité, qui m'émeut par la profondeur de son propos : il a à voir avec la vie, il est touchant, simple. Graphiquement, j'ai été vert de jalousie, scotché par la mise en couleur, l'élégance, la légèreté. » ?? Prix de l'Audace Les Noceurs, de Brecht Evens (Actes Sud) Résumé : Gert l'invisible quidam a pour ami Robbie, star de la nuit ; Noumie, jeune fille parée d'oreilles de chat, tombe sous le charme de Robbie... Impossible de résumer ce qui est plus qu'une histoire, une atmosphère ? plus qu'un rêve, un fantasme. L'avis de Baru : « Là encore, interrogation : audace graphique ? scénaristique ? Finalement, les deux se trouvent réunies dans cet éloge des années 1980 mâtiné de recherche psychédélique sur l'usage de la couleur. Le rapport d'un type normal, gris, avec son alter ego Robbie, pur fantasme incarnant l'exceptionnalité. Ce jeune auteur étonnant ne verse pas pour autant dans le formalisme narratif qui dessert les Américains, en particulier ? Wilson?, de Daniel Clowes. » ?? Prix spécial du juryAsterios Polyp, de David Mazzuchelli (Casterman)Résumé : Architecte brillant dont aucun édifice n'a jamais été construit, Asterios Polyp voit sa vie changer quand, par un soir d'orage, tous ses biens brûlent sous ses yeux. Est-ce possible de tout recommencer au début, de vaincre l'ombre d'un frère jumeau mort à leur naissance, de vivre et non plus de prétendre ? L'avis de Baru : « Brillantissime par sa forme, sa construction, sa narration. Presque un exposé de la théorie de la bd... mais un peu froid. Ceux qui voyaient cet album en Fauve d'or n'avaient pas lu « Cinq mille kilomètres par seconde », qui a plus de chair, dont le fond est moins anecdotique aussi. » ?? Prix de la série Il était une fois en France, de Fabien Nury et Sylvain Vallée (Glénat)Résumé : Cette série narre tambour battant, avec un découpage qui emprunte volontiers au cinéma, l'histoire hors normes de Joseph Joanovici, immigré juif analphabète, patron ferrailleur qui fournit à l'occupant allemand ce dont il a besoin tout en finançant un réseau de policiers résistants. Le quatrième tome, situé à l'été 1944, met en scène les premiers règlements de comptes à la Libération de Paris et une course contre la montre pour effacer un passé compromettant.L'avis de Baru : « Le souci a été de définir ce qu'est une ? série ? : le sens classique a exclu un diptyque comme « Quai d'Orsay », que je trouve excellent. Ma préférence allait à « Pour l'empire », belle odyssée dans l'inconnu ? même si j'ai des réserves sur l'usage de la couleur. Finalement, nous avons choisi de récompenser un scénariste de talent, Fabien Nury, et c'est très bien. » ?? Prix Regards sur le monde Gaza 1956, de Joe Sacco (Futuropolis)Résumé : Sept ans de recherches ont été nécessaires pour mener à bien l'enquête sur ce massacre oublié. Appuyé sur le témoignage des victimes, ce bédéreportage retrace l'événement disparu mais aussi le vécu quotidien des Gazaouis. Un travail de journaliste exemplaire, et un dessin au service de la construction narrative.L'avis de Baru : « L'attribution du prix à cet album peut paraître évidente, mais elle a été débattue. Il est bien construit, j'apprécie la confrontation de la recherche historique à la réalité d'aujourd'hui. On ne doit toutefois pas exagérer sa nouveauté : Cabu effectuait lui aussi des reportages de journalisme « gonzo » pour « Charlie Hebdo » dans les années 1970. Je préfère à ce type de narration, commandée par l'objectivité des faits, le pouvoir de la fiction romanesque : produire de la vérité même en racontant des salades. » ?? Prix Révélation ex aequo La Parenthèse, de Élodie Durand (Delcourt) et Trop n'est pas assez, de Ulli Lust (Ça et là) Résumés : Dans « La Parenthèse » (photo), Élodie Durand narre son histoire ? celle d'une jeune femme qui souffre d'une petite tumeur au cerveau qui bouleverse son rapport au temps. Après sa guérison, elle part à la recherche de ce passé dont il ne reste que des bribes. Dans « Trop n'est pas assez », Ulli Lust revient sur le voyage initiatique, clandestin, accompli avec une amie à 17 ans, entre Autriche et Italie. Avec le recul, elle se pose aujourd'hui les questions qu'elle ne voulait surtout pas se poser à l'époque, mais transmet le goût de cet inachevé avec un dessin volontairement négligé, imparfait.L'avis de Baru : « Il n'y a pas pour moi de bd jeune, ou de BD féminine... mais je suis heureux que les filles arrivent, avec du solide. » ?? Prix Intergénérations Pluto, de Naoki Urasawa (Osamu Tezuka chez Kana)Résumé : À partir d'une histoire célèbre du classique « Astro Boy de Tezuka », Urasawa livre une intrigue palpitante autour d'une série de crimes non résolus, dans un monde peuplé d'androïdes et d'humains. L'enquêteur doit gagner une course contre la montre : le tueur s'attaque aux sept robots les plus puissants de la planète, dont il fait partie...L'avis de Baru : « Ce prix n'a aucun sens. Je suis d'ailleurs pour une réduction du nombre de prix à Angoulême. Mais « Pluto » répare une injustice faite à la bd japonaise (trois albums dans la sélection) et montre qu'elle ne se limite pas à Dragon Ball : c'est une histoire forte, un conte philosophique aussi. En France, nous n'arrivons pas encore à digérer l'afflux des mangas, il nous faudrait plus de passeurs comme Jirô Taniguchi ? un futur Grand Prix, à mon avis. » ?? Prix du patrimoine Bal-El-Mandeb, d'Attilio Micheluzzi (Mosquito)Résumé : En 1935, à la veille de l'invasion de l'Éthiopie par les Italiens de Mussolini, le désert du Négus sert de décor à la livraison de deux automitrailleuses. Une aventure où se rencontrent une danseuse égyptienne, un soldat de Sa Majesté et un révolutionnaire italien.L'avis de Baru : « Devait-on primer un éditeur, ou l'importance phénoménale d'un auteur ? Dans ce cas, Jigé est pour moi une splendeur en noir et blanc, injustement méconnu. Mais nous avons primé un éditeur associatif pour tout le travail accompli, indispensable. »
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