Opportuniste, EDF reprend la main sur les énergies renouvelables

Energies Nouvelles. La filiale d'EDF spécialisée dans les énergies renouvelables n'a jamais aussi bien porté son nom. Car c'est bien la quête d'une nouvelle source d'énergie qui a motivé le groupe d'Henri Proglio à annoncer vendredi le rachat des minoritaires d'EDF Énergies Nouvelles. Cette nouvelle activité ne va certes pas changer la face d'EDF mais ses nouveaux relais de croissance vont lui ouvrir d'autres perspectives. Car celles-ci ne tenaient jusqu'ici qu'au développement du nucléaire à l'international, stratégie sur laquelle Henri Proglio avait tout misé. Mais l'horizon s'est brutalement obscurci avec la catastrophe de Fukushima.L'occasion aussi pour le groupe de redorer son blason en Bourse à l'heure où les énergéticiens français peinent à retrouver l'intérêt des investisseurs. Surtout depuis l'annonce, en début de semaine dernière, du gel sur les tarifs du gaz et du coup de frein prévu sur ceux de l'électricité. Victimes collatérales du contexte politique préélectoral de 2012, EDF et GDF Suez ont souffert en Bourse la semaine dernière. Le groupe gazier, dont le titre a été placé vendredi par UBS sur sa liste des « utilities » européennes les moins recommandées, a perdu 3 % sur la semaine tandis qu'EDF a cédé 6,7 % (de lundi à jeudi) - clôturant jeudi soir à 27,38 euros, à quelques encablures de son plus-bas historique de 27,31 euros touché en mars 2009.Ce rachat pourrait au moins permettre à EDF de se raccorder au réseau de la communauté financière. Car, 100 milliards de capitalisation boursière se sont évaporés depuis la fin novembre 2007, où l'action EDF avait atteint un plus-haut historique de 86,45 euros et s'affichait comme la première capitalisation de la place parisienne. Bien sûr, la faillite de Lehman Brothers et la crise financière sont passées par là. Mais depuis, le groupe peine à retrouver les faveurs des investisseurs. Préférant racheter à tour de bras les valeurs cycliques bon marché au lendemain de la crise, ces derniers ont délaissé les valeurs défensives au premier rang desquelles EDF qui, comme d'autres, est totalement passée à côté du rally boursier entamé en mars 2009. Et si le groupe pouvait encore compter, au début 2010, sur un effet de rattrapage, il n'en fut rien. La crise de la dette en zone euro et les politiques d'austérité adoptées dans la foulée par les gouvernements ont convaincu les investisseurs que les groupes de services publics, qui comptent a fortiori l'État à leur capital, allaient être les cibles potentielles de taxes à venir. Rien d'étonnant dans ces conditions à voir l'action EDF afficher depuis la faillite de Lehman Brothers une chute de 45 %, soit la plus forte baisse du CAC 40. Sur la même période, Veolia (? 31 %), Suez Environnement (? 18 %) et GDF Suez (? 25 %) n'ont pas brillé non plus, mais EDF est bel et bien un cas à part.« Contrairement à GDF Suez qui est un groupe diversifié dans l'amont, les réseaux, l'environnement, EDF est un « monoproduit », opérateur et producteur essentiellement implanté sur un marché et dans un secteur, le nucléaire, dont les perspectives de développement international ont été largement assombries avec la catastrophe de Fukushima », explique Bertrand Lecourt en charge du secteur « utilities » chez Deutsche Bank Securities. Le groupe manque cruellement de catalyseurs boursiers. Il ne dispose en effet que de deux moteurs de croissance pour ses bénéfices, comme le soulignait il y a quelque temps une note de Morgan Stanley : l'augmentation des tarifs et du taux de disponibilité des réacteurs nucléaires... Une marge de manoeuvre limitée à mettre en contraste avec d'importantes charges. « La problématique boursière d'EDF se résume à deux éléments : 100 milliards d'euros d'investissements attendus sur dix ans pour la maintenance, la rénovation des réseaux, etc. ; une visibilité complètement cassée sur les revenus avec un marché français où les prix sont régulés », résume Bertrand Lecourt.Autant dire que la reprise en main d'EDF Énergies Nouvelles pour un peu plus de 1,4 milliard d'euros pourrait être une belle opportunité de se revaloriser en Bourse. Surtout à l'heure où les énergies renouvelables opèrent un retour en grâce auprès des investisseurs.
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