La fortune du Livret A fait perdre 40 milliards aux banques (Christian Noyer)

Ce sont les banques françaises qui vont être contentes. Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a livré un plaidoyer en leur faveur, mercredi, lors de la présentation du quatrième rapport annuel de l\'Observatoire de l\'épargne réglementée. « L\'afflux de fonds vers le Livret A et le LDD (livret de développement durable) s\'est effectué au détriment des autres dépôts bancaires des ménages, particulièrement des livrets ordinaires et des dépôts à vue. Ce qui a eu un effet restrictif sur les ressources des banques », a pointé du doigt Christian Noyer. Petit retour en arrière : en 2012, l\'encours global du Livret A et du LDD a bondi de 19,5%, à 339,3 milliards d\'euros, en raison, notamment, du relèvement de leurs plafonds, survenu le 1er octobre 2012. Un relèvement qui a renforcé l\'attrait de produits présentant déjà l\'avantage d\'offrir une rémunération supérieure à l\'inflation, une liquidité totale, et d\'être dépourvus de toute taxation. Le plafond du Livret A ayant à nouveau été rehaussé, début janvier, l\'encours global des deux livrets a poursuivi sur sa lancée, pour atteindre le niveau record de 360,7 milliards d\'euros fin mai.Une perte de 40 milliards d\'euros pour les banquesOr, si les banques distribuent le Livret A et le LDD, elles sont en revanche contraintes de rediriger 65% de la collecte vers le fonds d\'épargne de la Caisse des dépôts (CDC), afin de permettre à cette dernière de financer la construction de logements sociaux, la politique de la ville et autres missions d\'intérêt général. Conséquence, les ressources que les dépôts de leurs clients représentent pour les établissements de crédit « se sont réduites de 11 milliards d\'euros entre octobre 2012 et mars 2013 [période qui inclut les deux relèvements du plafond du Livret A ; Ndlr] », souligne le gouverneur de la Banque de France. Et d\'insister : « Au cours de la même période de l\'année précédente, l\'encours des dépôts bancaires des ménages avait augmenté de 29 milliards d\'euros. La perte relative (pour les banques) est donc, d\'une année sur l\'autre, de 40 milliards d\'euros. »Une « ponction (qui) appelle l\'attention », selon Christian Noyer, à l\'heure où la réglementation dite de Bâle III, qui devrait entrer en vigueur en Europe début 2014, impose aux banques de détenir davantage de fonds propres en face de leurs engagements les plus risqués. Sans compter que « cette ponction réduit la capacité des banques à financer, de façon pérenne, l\'économie, notamment les entreprises », poursuit Christian Noyer, faisant allusion à la transformation, par les banques, des dépôts en crédits.Un excédent de près de 110 milliards d\'euros à la CDCSi, encore, la CDC trouvait une utilisation à la totalité de la manne que représentent le Livret A et le LDD ! Mais ce n\'est pas le cas : alors que les fonds de l\'épargne réglementée centralisés par la CDC s\'élevaient à 255,5 milliards d\'euros fin 2012, l\'encours des crédits accordés par le fonds d\'épargne de la Caisse n\'excédait pas 147,1 milliards. Soit « un excédent disponible de près de 110 milliards d\'euros, un chiffre qu\'il faut avoir à l\'esprit lorsqu\'on réfléchit à la répartition des emplois de l\'épargne réglementée, entre financement de l\'économie et financement du logement social et de la politique de la ville », assène Christian Noyer. De quoi relancer le débat sur la réforme de l\'épargne réglementée. Annoncée l\'été dernier, elle joue l\'Arlésienne, le secteur bancaire et la CDC voyant chacun midi à sa porte. Les banques veulent garder davantage de dépôts dans leurs bilans, alors que la Caisse entend conserver une marge de manœuvre pour financer les projets de l\'Etat.  
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