La Russie, compagnon de route du cartel pétrolier

La Russie, qui dispute à l'Arabie Saoudite le titre de premier producteur mondial de pétrole, va-t-elle rejoindre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ? La question est ancienne et l'Union soviétique comme la Russie s'y sont toujours refusées. Invité à la réunion de l'Opep à Vienne, le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, a néanmoins envoyé un message fort en présentant la coopération de la Russie avec l'Opep comme une priorité. Le cartel et la Russie pourraient coopérer sur " des projets de grande échelle " et sur une amélioration des informations sur le marché. " Un projet de mémorandum d'accord " en ce sens a été présenté à l'Opep, a fait savoir Igor Setchine.Une plus grande coopération de la Russie et de l'Opep a de quoi inquiéter les pays consommateurs. La Russie et les pays membres de l'Opep extraient environ la moitié de la production mondiale de pétrole. Le vice-Premier ministre russe a fait savoir qu'une partie de la coopération porterait sur la façon de générer " un environnement stable pour les prix " pour les producteurs comme pour les consommateurs. Une revendication ancienne de Moscou, qui juge anormal que les pays producteurs portent le risque d'une chute du prix alors que les investissements nécessaires se chiffrent en centaines de milliards de dollars engageant le pays sur des décennies. TENSIONS AVEC L'OCCIDENT" Il n'est pas de l'intérêt de la Russie d'entrer dans l'Opep car elle perdrait sa liberté d'action ", rappelle Pierre Terzian qui dirige la revue Pétrostratégies. Mais l'appel à une plus grande coopération avec l'Opep est loin d'être neutre dans un contexte de hausse des tensions entre la Russie et l'Occident - autrement dit les pays consommateurs d'hydrocarbures. Moscou multiplie les signes de soutien à l'Iran et au Venezuela, deux pays parmi les plus durs au sein de l'Opep et qui font figure de bêtes noires pour Washington. La Russie s'est réengagée à achever la centrale nucléaire de Bouchehr en Iran et annoncé qu'elle allait baser temporairement au Venezuela des avions dotés de dispositifs capables d'atteindre des sous-marins.Les exportations de pétrole et de gaz demeurent au coeur du boom russe. Or, la crise financière et les tensions avec l'Occident ont provoqué un vif retrait des capitaux étrangers et une chute de plus de 44 % du RTS, le principal indice boursier russe, depuis son sommet d'avril 2008. Les entreprises commencent à se plaindre d'un assèchement du crédit. La croissance a ralenti à 7,5 % au deuxième trimestre en glissement annuel, contre 8,5 % au premier trimestre. " Les autorités disposent de moyens financiers considérables pour contrer un ralentissement trop brutal ", estime Gérard Wild, économiste au Cepii.
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