Le profil de demain ressemblera à celui d'hier

Le " nouveau Calyon " comme l'appelle son directeur général, Patick Valroff, a des airs de déjà-vu. En recentrant la banque sur les métiers de financement, Calyon va retrouver la silhouette qu'il avait lors de sa création il y a quatre ans. Petit retour en arrière. À sa naissance, en 2004, la banque est très orientée sur le financement grâce à l'héritage d'Indosuez et aux positions importantes et complémentaires du Lyonnais. Calyon disposait également de deux courtiers Chevreux (ex-Indosuez) et CLSA. Mais les activités de marchés, essentiellement héritées de la banque au lion, étaient limitées.Face à ce constat, Calyon décide de mettre l'accent sur la très rentable banque d'investissement. L'objectif est alors de se mettre dans le sillage de ses deux grandes rivales BNP Paribas et Société Générale. Edouard Esparbès, alors directeur général de Calyon, embauche Marc Litzler, ancien patron des dérivés actions de la SocGen, et décide de pousser les feux sur les activités de marché. À son tour, il débauche plusieurs pointures à prix d'or provenant de son ancienne maison. Parmi eux, Fabien Hajjar, qui dirige la division dérivés actions. Celui-ci va, comme son ancien patron, bientôt quitter Calyon. Il sera remplacé, à partir du 15 septembre, par son adjoint Christophe Leymarie, un ancien d'Indosuez.En trois ans, les revenus des dérivés actions triplent à 600 millions d'euros et les revenus des dérivés de taux doublent pour atteindre 1,2 milliard d'euros. La banque s'engouffre aussi dans le métier très porteur des crédits structurés, où Marc Litzler reconnaîtra avoir été " trop vite, trop fort, trop loin ".Au final, ce sont ces activités de marché qui ont coûté une perte nette de 904 millions d'euros en 2007 et 1,65 milliard d'euros sur le seul premier semestre 2008. Calyon a donc décidé d'effacer tous les efforts et les moyens qu'elle avait mis en oeuvre entre 2004 et 2007. Fini les activités de trading, les produits d'investissement complexes (exotiques) et les bonus garantis pour attirer les meilleurs traders. Calyon se replie et va redevenir une banque de financement comme à l'époque d'Indosuez. En plus des financements navals et aéronautiques, la banque conservera le financement d'infrastructures ou d'acquisitions LBO.RETOUR VERS LES CLIENTS TRADITIONNELSMême retour en arrière s'agissant des clients. Ces dernières années, Calyon s'était attaché à diversifier sa base de clientèle, notamment vers les investisseurs financiers comme les hedge funds. Dorénavant, les clients traditionnels du groupe seront la cible. On peut s'attendre à ce que les implantations à l'étranger redeviennent de simples relais pour eux. Autre signe du retour au passé, les mauvaises langues ne manqueront pas de souligner que ni Édouard Esparbès ni Patrick Valroff ne sont des spécialistes de la BFI. Pourtant, l'un l'a développée, l'autre va la restructurer.
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