Éole et les nouveaux rentiers

Dans sa chronique de ce lundi 8 septembre publiée par La Tribune, Maximilien Rouer qualifie de " nouveaux réacs " ceux qui mettent en cause le bien-fondé de l'engouement actuel pour la production d'énergie éolienne. L'Institut Montaigne, qui a publié il y a six semaines un document complet sur la question, est au passage victime de sa vindicte : nous serions " anti-éoliens " - et, donc, " réacs "...Curieuse présentation des faits alors que notre document se conclut sur la recommandation de porter notre capacité de production à 10 GW d'éolien contre 3 aujourd'hui ! Est-ce si choquant ? Est-il interdit de raisonner sur ce sujet ? Pourquoi les " marchands de vent " sont-ils si fermés au débat ?Mais d'abord, faisons pièce à un faux procès. Nous ne nous battons pas au nom de ceux que les nuisances visuelles ou sonores des éoliennes dérangeraient. Beaucoup d'oppositions à l'installation d'éoliennes nouvelles viennent de riverains, souvent d'ailleurs de Parisiens qui ne souhaitent pas voir troublé le calme de leur villégiature... La position de ces " anti " est compréhensible (et elle n'est pas plus illégitime que celle des centaines d'élus qui sont " pro " parce qu'ils voient une forme de manne céleste dans un surcroît de taxe professionnelle !).Nous avons soigneusement voulu, nous, nous tenir à l'écart de ces arguments : quand l'intérêt général commande une décision, on ne saurait y renoncer au seul motif des nuisances locales. C'est sur le plan national que nous avons placé notre analyse. " Être contre l'éolien c'est être contre le progrès ", peste Maximilien Rouer : " L'éolien est une technologie mature et nécessaire. "L'éolien est un moyen de base.Mature ? Fort bien. Mais alors, pourquoi doit-elle encore bénéficier de tarifs garantis, et comment expliquer qu'il ne se développe que là où il y a des subventions ? Nécessaire en France ? Cela reste à prouver ! Nous n'avons pas besoin d'elle pour produire de l'électricité de base (nous sommes déjà excédentaires), ni pour aider à passer les pics de consommation (l'éolien est un moyen de base, pas un moyen de pointe comme les centrales au gaz) et pas, ou très peu, pour limiter les émissions de CO2 puisque la France est déjà un des pays au monde qui a le parc de production d'électricité le plus sobre en émissions. Il faut oser récuser toute approche " écolo-progressiste " aveugle !Mais la raison n'a pas sa place dans l'argumentaire des partisans de l'éolien. " Nous sommes en train de sous-exploiter un formidable gisement éolien ", écrit ainsi Maximilien Rouer. Comme si le vent était gratuit... C'est là faire l'impasse sur les coûts d'investissement, et surtout sur la nécessité de développer le réseau, d'une part pour raccorder cette source diffuse, d'autre part pour faire face à ses sautes d'humeur : pourquoi ne dit-on jamais qu'une éolienne ne fonctionne, en moyenne, que le quart du temps, et qu'elle ne tourne ni quand il n'y a pas de vent (en particulier lors des épisodes de grand froid anticycloniques), ni... quand il y en a trop ?Évoquer le " gisement éolien " n'a aucun sens si on ne compare pas son coût aux autres énergies. La vérité, c'est que l'éolien est une source d'énergie d'appoint intéressante, mais rien d'autre. Son coût est élevé puisqu'il faut le subventionner massivement, même aux prix record qu'a atteints le pétrole cette année. Selon nos calculs, si l'on va jusqu'au bout des 25 GW de capacité éolienne prévus par le Grenelle, chaque ménage français subira annuellement un surcoût de 100 euros. Ce n'est pas rien. Naturellement, le jeu n'est pas perdant pour tout le monde : au tarif de rachat que l'État impose aujourd'hui à EDF, les producteurs d'électricité éolienne empochent de juteux profits. Le taux de rendement moyen de leurs investissements est de quelque 25 %, et jusqu'à 40 % dans certains cas.On comprend que ceux qui ont capté une telle rente ne soient pas très pressés qu'on les en dessaisisse ! Mais l'État, le contribuable, les consommateurs seraient mal avisés de s'en remettre au jugement biaisé de ces " nouveaux rentiers ".
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