Entente cordiale sur la taxation des bonus

En 24 heures, le président français et le Premier ministre britannique ont réussi à faire fondre la glace qui s'accumulait depuis des mois au-dessus du Channel. Le temps d'une tribune à quatre mains dans le « Wall Street Journal », suivie d'une demi-heure d'entretien en tête à tête en marge du sommet européen qui se tient jusqu'à aujourd'hui à Bruxelles, les deux hommes ont renfilé hier le costume de régulateur de la finance mondiale qui leur a si bien réussi dans le cadre du G20.Cette fois-ci, ils demandent de concert des comptes aux banques. « Nous proposons un accord global de long terme qui englobe à la fois les responsabilités du système bancaire et le risque que les banques font courir à l'économie dans son ensemble. » Et de citer parmi les « propositions méritant examen? les primes d'assurance, les taxes sur les transactions financières et une taxe sur les bonus ». Le chancelier de l'Échiquier, Alistair Darling, avait tiré le premier en annonçant mercredi une taxe de 50 % sur les primes payées aux salariés des banques pour 2009, au-delà de 25.000 livres (27.000 euros). Depuis hier, Paris laisse entendre qu'il lui emboîtera le pas avec un dispositif apparemment strictement similaire.« Ils sont complètement sur la même ligne pour s'assurer qu'à l'avenir on ne répète pas les mêmes erreurs que par le passé et que l'on s'oriente vers une ère de finance responsable », a expliqué un porte-parole du gouvernement britannique. La partie française n'a pas commenté l'entrevue entre les deux hommes. Côté allemand, la chancelière Angela Merkel a qualifié la taxe de « charmante ». « Je vois bien l'agenda britannique préélectoral. Brown veut pousser les conservateurs à faire la bêtise de défendre les traders. Je vois moins le sujet en France, sinon l'opportunité de refaire un bout de chemin ensemble, de faire du Pittsburgh », explique une source européenne, en référence à la dernière réunion du G20.La man?uvre britannique a, en tout cas, opportunément dégagé le terrain à Nicolas Sarkozy. Depuis des mois, les banques hexagonales, qui ont été les premières à endosser les principes du G20 sur les rémunérations, alertaient les autorités sur les risques d'une action unilatérale du continent sur les bonus, laquelle aurait encore accru l'avantage compétitif de la City de Londres. Le coup de force de Gordon Brown fait tomber l'argument.exemple sans précédentSi la taxe française est confirmée, ce sera un exemple sans précédent de coordination fiscale en Europe. Mais cela ne veut pas dire qu'elle soit généralisée au niveau communautaire. « À chaque pays de prendre ses responsabilités », expliquait hier un diplomate. L'unanimité qui fait loi en matière fiscale au niveau européen a un puissant effet dissuasif. La Commission européenne ne néglige pas le sujet pour autant. Un texte sur les fonds propres des banques, actuellement en discussion au Parlement et au Conseil, autorisera à partir de 2011 les autorités de surveillance à sanctionner les banques dont les politiques de rémunération encouragent des prises de risque excessives.
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