États-Unis

Le temps est venu de céder ma place. » En confirmant la semaine dernière qu'il ne se représenterait pas pour un nouveau mandat de parlementaire lors des élections de mi-mandat de novembre où il était donné perdant, le président de la commission bancaire du Sénat, Christopher Dodd, a ouvert les paris : son départ annoncé compromettra-t-il l'adoption par le Congrès de la plus vaste réforme du système financier depuis la grande dépression ? Ou, à l'inverse, Dodd, libéré de toute pression politique dans sa circonscription du Connecticut et n'ayant plus besoin des généreuses donations du secteur financier pour être réélu, tentera-t-il d'apposer son nom à l'une des législations les plus attendues mais aussi les plus combattues de l'histoire de son pays ? La Maison-Blanche se veut rassurante. « Je pense qu'il continuera à travailler dur et qu'il entend finir cette tâche d'ici la fin de l'année, tout comme le président », affirme Robert Gibbs, le porte-parole de Barack Obama. « Le sort de la refonte du système réglementaire, qui en l'état n'a pas su prévenir la crise financière actuelle, est en jeu », craint pour sa part Travis Plunkett, directeur juridique de la Fédération des consommateurs d'Amérique. Celui-ci rappelle que Dodd fut l'un des ardents partisans de la loi de réforme des cartes de crédit qui entrera totalement en vigueur le mois prochain.Les lobbies de Wall Street sont partagés sur l'impact de son départ. Des responsables de l'Association des banquiers américains (ABA) ont déclaré que Dodd, affaibli par son annonce, serait contraint de concéder de vastes compromis sur le projet de loi financier qu'il a dévoilé en novembre, jugé plus ambitieux à certains égards que celui déjà adopté par la Chambre des représentants. De son côté, Mark Schuermann, le vice-président du Forum des services financiers (FSF), a affirmé que Dodd aurait désormais les coudées franches pour faire de cette loi son legs au Congrès et à son pays.Farouchement opposés à la création d'une agence de protection du consommateur de services financiers (CFPA) votée à la Chambre et présente dans le projet de loi de Dodd, ces mêmes lobbies espèrent torpiller un autre objectif cher à l'élu : l'avènement d'un nouveau super-gendarme bancaire fédéral (Fira) qui priverait les régulateurs actuels de leur autorité vis-à-vis du secteur. Fort de sa proximité avec Richard Shelby, le principal responsable républicain de la commission bancaire, Chris Dodd a engagé des pourparlers avec les sénateurs de l'opposition pour tenter d'arracher un vote au printemps. Il y va de l'honneur de Dodd. Faute de réforme financière majeure, ses compatriotes se souviendront surtout du parfum de scandale ayant entouré l'attribution dans des conditions qui lui ont été très favorables de crédits immobiliers par Countrywide Financial. Son travail parlementaire aura aussi entaché par l'intérêt relatif qu'il a porté à l'éclatement de la crise des subprimes alors qu'il se démenait pour gagner les primaires démocrates en vue de la présidentielle de 2008.
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