"L'Europe peut mieux coordonner les efforts dans la lutte contre le chômage des jeunes"

LaTribune.fr : Existe-t-il des pays européens où le chômage des jeunes est faible ? Quelles sont les politiques efficaces ?Christine Erhel.C\'est le cas en Allemagne, qui affiche un taux de chômage des jeunes de 7,5% en avril 2013, selon les chiffres d\'Eurostat. C\'était le cas du Danemark, mais la crise est passée par là. En avril, le taux de chômage des jeunes y était de 12,2%, deux fois plus qu\'en 2007. Au Royaume-Uni aussi, le taux était de 20,2% en février, contre 14% en 2007. La moyenne européenne est de 23,5%. Les personnes les plus touchées par le chômage sont celles qui sont peu qualifiées, qui sortent du système éducatif avec peu ou pas de diplômes.En Allemagne, le faible taux de chômage est dû aux effets positifs de l\'apprentissage, qui facilite l\'insertion des jeunes dans une entreprise. Et qui apporte une expérience professionnelle. Il s\'agit d\'une solution qui fonctionne mais qui ne résout pas tous les problèmes. En France, cela se développe, mais il y a des jeunes qui ne trouvent pas d\'entreprises où effectuer leur stage.Il y a également une spécificité pour les pays nordiques : les écoles de la seconde chance, qui restent encore assez peu développées en France. Cela permet un véritable retour en formation pour compenser le manque de diplômes.A peu près tous les pays européens ont des mesures spécifiques pour les jeunes, avec un mix de formations et de dispositifs qui permettent un accès à l\'emploi, par des stage, l\'apprentissage.Qu\'est-ce qui peut être développer en temps de crise ?En matière de chômage des jeunes, la dimension conjoncturelle est très importante. Il augmente fortement lorsque le chômage est élevé.En période de crise, les dispositifs comme les emplois aidés peuvent faciliter l\'insertion des jeunes et réduire leur taux de chômage. Traditionnellement, la Suède a beaucoup recours à ce type de dispositifs. Il s\'agit du seul levier dont on dispose vraiment en temps de crise qui ait un effet à court terme. Et qui a un effet bénéfique à plus long terme à condition que l\'on mette en place des formations.Que peut faire l\'Union européenne que ne peuvent pas faire les Etats ? L\'Union européenne peut arriver en renfort sur des dispositifs nationaux. On peut tout à fait imaginer un financement de mesures ciblées sur les jeunes chômeurs. Cela pourrait apporter plus de solidarité entre les pays européens, par un mécanisme de redistribution en interne de l\'Union européenne.L\'Europe peut aussi apporter de la coordination. Cela a d\'abord une dimension symbolique, mais un outil harmonisé entre les pays peut avoir une portée dans le fonctionnement des politiques de l\'emploi. Cela permet d\'afficher des priorités en terme de formation, pour préparer les jeunes à la reprise économique. Et cela apporte une dimension dans laquelle chaque Etat ne privilégie pas son intérêt.Existe-t-il déjà des politiques européennes de lutte contre le chômage des jeunes?l y a une coordination des politiques de l\'emploi via la stratégie européenne pour l\'emploi, depuis 1997. Cette stratégie fixe des objectifs en matière de niveau d\'éducation. Ce n\'est pas formulé en terme de lutte contre le chômage mais avec des objectifs de formation des jeunes peu diplômés.Les jeunes sont plus mobiles au sein de l\'Union européenne que leurs aînés - on parle beaucoup des jeunes Espagnols qui partent chercher du travail en Allemagne. Est-ce que cela ne complique pas une politique européenne?Cela reste minoritaire. Certes, il y a des départs d\'Espagne, mais cela reste un pays avec un taux de chômage des jeunes très élevé, 56,4% en avril. La mobilité ne peut pas tout résoudre, mais elle contribue à un besoin de plus de coordination en Europe. Il y a des pays avec des pertes de population active et des pays avec un afflux. En Espagne, cela va poser problème à l\'avenir. Plusieurs dirigeants européens appellent à un conseil européen sur le chômage des jeunes en juin. Pourtant le chômage des jeunes a toujours été montré du doigt parce qu\'il était plus élevé que celui de l\'ensemble de la population. La volonté est-elle véritablement plus forte aujourd\'hui ?C\'est une préoccupation partagée par une grande partie des pays européens. Il y a une augmentation du chômage dans la plupart des pays mais le chômage des jeunes pose des défis supplémentaires. Si cela aboutit à une génération sacrifiée, cela aura des effets plus durables sur leur trajectoire, avec un accès à un emploi stable repoussé. Et c\'est à craindre en Espagne ou en Grèce (62,5% de jeunes actifs au chômage en février, ndlr). Ce n\'est pas le seul problème, mais c\'est un point qui concentre l\'attention.
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