Ce que Paris a caché aux compagnies aériennes du Golfe persique

De quoi donner des arguments aux compagnies aériennes du Golfe persique dans leur quête de vols supplémentaires au départ de Paris. Début juin, peu de temps avant l'échec des négociations sur le sujet entre la France et les Émirats arabes unis (« La Tribune » du 18 juin), la France et Singapour ont, au contraire, trouvé un accord autorisant Singapore Airlines à ajouter des vols à Paris. Un accord resté « confidentiel » selon un proche du dossier. Et ce, pour ne pas polluer les négociations avec les pays du Golfe, qui vont d'ailleurs reprendre en novembre. Freiner les « prédateurs »Car, même si la compagnie singapourienne n'a obtenu qu'une très légère hausse du nombre de ses vols à Paris (trois vols hebdomadaires supplémentaires possibles à partir de mars 2011, puis deux autres en 2013), cet accord contredit l'un des grands arguments utilisés par Air France pour pousser les autorités françaises à bloquer les demandes massives de nouveaux vols d'Emirates (Dubaï) ou Etihad (Abou Dhabi) : un ajout de capacités n'est pas justifié au regard des flux de trafic entre la France et les Émirats dont le marché est très réduit. L'essentiel des passagers voyageant sur les lignes de ces compagnies au départ d'Europe prennent en fait une correspondance dans le Golfe vers l'Inde, l'Asie ou l'Afrique de l'est (trafic dit de sixième liberté). Tel est le discours d'Air France qui assimile les compagnies du Golfe à « des prédateurs » venant « piller les marchés européens ».Or, le modèle économique de Singapore Airlines peut s'apparenter à celui des compagnies du Golfe. Il est presque exclusivement porté par le trafic en correspondances en raison de la faiblesse de Singapour comme lieu de destination. D'ailleurs, le président d'Air France, Jean-Cyril Spinetta n'avait-il pas aussi cité Singapore Airlines lorsque, pour la première fois à l'automne 2003 à Cannes, il avait tiré la sonnette d'alarme sur les dangers d'Émirates ? L'amalgame avait d'ailleurs surpris et n'a plus été refait. Aujourd'hui, Air France considère Singapore Airlines comme une compagnie « normale », vivant sans subvention. Contrairement aux compagnies du Golfe, son plan de croissance se cale sur ceux du trafic aérien quitte à réduire la voilure quand la demande fléchit comme ce fut le cas pendant la crise. Enfin, Air France est beaucoup plus souple sur l'ajout de capacités entre Paris et Singapour car elle en bénéficie aussi au nom de la réciprocité. Ce qui lui permet d'alimenter ses vols vers l'Australie assurés en coopération avec Qantas au départ de Singapour. Fabrice Gliszczynsk
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