Toyota blanchi par l'agence de sécurité américaine

Alors, autant de bruit pour rien ? La tempête politico-médiatique déchaînée des mois durant contre Toyota était-elle injustifiée ? L'enquête menée par l'agence de sécurité routière américaine NHTSA n'a révélé en effet aucun des problèmes électroniques dénoncés par des experts et parlementaires outre-Atlantique, affirme un laconique communiqué. Sur 58 accidents étudiés, 35 étaient liés à un mauvais freinage du conducteur, souligne la NHTSA dans le texte d'un rapport remis à des parlementaires. Dans d'autres cas, la pression exercée sur la pédale était insuffisante. Certes, l'enquête n'est pas finie. Il n'empêche. Une partie des accusations tombe.À la demande du Congrès, la NHTSA, qui appartient au Département des transports, a entrepris une enquête avec la NASA, l'agence spatiale américaine, dans des laboratoires. Et ce, pour déterminer si de potentiels défauts d'électronique ou de logiciel pouvaient causer des accélérations involontaires sur des véhicules du constructeur japonais. Chez Toyota, on respire. Non sans amertume. Le constructeur, qui a ravi la première place mondiale à GM, a dû en effet affronter une crise sans précédent fin 2009 et début 2010. Plus de 3.000 plaintes concernant des véhicules Toyota et Lexus (sa marque de luxe) avaient été déclarées à la NHTSA aux États-Unis, pour 75  accidents présumés et 93 décès. Hommes politiques, ministres, députés, journalistes, s'étaient alors acharnés sur la firme nippone. Certains tenaient ainsi leur vengeance vis-à-vis d'un Toyota, dont l'insolente réussite sur le marché américain contrastait avec la... mise en faillite de GM et Chrysler, secourus par l'État fédéral. Bref, le coupable idéal, qui a dû s'acquitter au printemps d'une amende de 16,4 millions de dollars (12,5 millions d'euros) auprès dudit État fédéral !pas de plainte en EuropeRéputé pour la fiabilité de ses véhicules, le groupe a été pourtant contraint d'en rappeler 5,75  millions pour des tapis de sol pouvant se coincer sous les pédales, en Amérique du nord. En outre, Toyota a rappelé 4,44 millions de véhicules dans le monde pour des accélérateurs parfois trop lents à revenir en position initiale, dont 2,57 millions en Amérique du nord, 1,69 million en Europe (164.335 en France). Plus de deux millions de véhicules ont été rappelés à la fois pour les problèmes de tapis de sol et de pédale d'accélérateur. Aucun accident n'a été toutefois enregistré en Europe. Enfin, le constructeur a vérifié et reprogrammé un logiciel de 437.000 voitures hybrides pour une sensation de freinage insuffisant, dont 155.000 aux États-Unis et 53.000 sur le Vieux continent (7.573 dans l'Hexagone). Aucune plainte à ce sujet n'a été non plus répertoriée en Europe. En mai, Toyota a chiffré l'impact financier de ces rappels, mais aussi de la contre-publicité pour la vente des véhicules, entre 1,28-1,35 milliard d'euros. Il a en effet pâti d'un très fort impact négatif de ces rappels sur son image, surtout outre-Atlantique. Au bénéfice de ses concurrents américains, de Nissan ou des coréens, ravis de l'aubaine. Toyota reconnaît officiellement un manque à gagner de 50.000 unités. Ce qui semble franchement sous-évalué. Il est vrai, cependant, que le groupe a vite réagi en octroyant de fortes remises aux États-Unis, pour attirer quand même le chaland. Même aujourd'hui, la firme ne s'est pas complètement remise de cette crise.
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