Un coup de frein qui pèse sur l'emploi et la consommation

La mécanique est logique. Selon Nicolas Bouzou, de la société d'études économiques Asterès, l'impact du retournement du marché immobilier depuis fin 2007 remonte peu à peu la filière : il a d'abord touché les agences immobilières, il atteint à présent les promoteurs, constructeurs et autres entreprises liées au bâtiment. Or, un tel phénomène n'est pas neutre pour l'économie française. La construction, on le sait, est un gros pourvoyeur d'emplois : on compte 1,2 million d'actifs dans le bâtiment, une activité qui représente 10 % du PIB. " Sur 831.000 emplois nets créés en France dans le secteur privé entre 2000 et 2007, 245.000 l'ont été dans la construction et 31.500 dans l'immobilier ", rappelle Nicolas Bouzou.Si le secteur a continué de créer des emplois au premier semestre 2008, l'essoufflement est manifeste : selon les chiffres de l'Insee, l'emploi salarié dans la construction progresse à un rythme désormais beaucoup moins soutenu qu'aux trimestres précédents : + 4.400 emplois créés au deuxième trimestre (+ 0,3 %), après + 12.100 emplois au premier trimestre (+ 0,8 %). " Depuis le début de 2005, les créations d'emploi étaient en moyenne de l'ordre de 15.000 par trimestre ", rappelle la Dares dans sa dernière note sur l'emploi salarié.Le coup de frein sur l'immobilier a aussi des effets sur la consommation d'équipements pour le logement. " On tourne aujourd'hui à un rythme de croissance de 5-6 %, alors qu'on était avant sur un rythme annuel de 35 % ", estime Mathilde Lemoine, chez HSBC. Un élément de plus qui pèse sur la croissance française, déjà bien faible." UN AJUSTEMENT PREVISIBLE "Mais, pour Mathilde Lemoine, il faut aussi ramener le retournement du marché immobilier dans son contexte : la hausse des prix des logements a été telle depuis 2000 que beaucoup de ménages ont renoncé à acheter. " On était en fin de cycle. L'ajustement est important, mais il était prévisible ", rappelle-t-elle. Sans compter que le scénario actuel jette un éclairage brutal sur les fondements de l'économie française : " Avoir un secteur qui, à lui seul, contribue à 41 % aux créations d'emplois de ce pays, cela pose quand même question, alors que, dans le même temps, on pose des objectifs ambitieux sur l'économie de la connaissance dans le traité de Lisbonne ", s'étonne MathildeLemoine.
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