L'étalon or, la solution à la guerre des monnaies

À l'heure où le G20 se réunit, la guerre des monnaies fait rage. Les Européens poussent pour une révision du Système monétaire international qui fonctionne depuis près de quarante ans et dont les résultats ont été inégaux. En théorie, des taux de change flottants permettent des politiques monétaires indépendantes, ce qui discipline les gouvernements. Cependant, ces politiques ont été utilisées pour atteindre divers objectifs, y compris la dévaluation compétitive - ce qui est reproché aujourd'hui aux États-Unis et à la Chine. Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale, a récemment suggéré de remplacer le système monétaire actuel par un autre plus coopératif reposant sur les principales monnaies mondiales, et adoptant l'or comme point de référence pour évaluer les attentes des marchés. Autant dire que cette dernière suggestion a fait l'effet d'un pavé dans une mare. Depuis Keynes, l'or fait figure de « relique barbare », mais Zoellick semble vouloir lui redonner une place de choix.Le problème d'un système de monnaie fiduciaire tel qu'il existe aujourd'hui est double. Premièrement, la monnaie étant produite par des monopoles publics, il existe un risque important de dérapage des politiques monétaires. Deuxièmement, et c'est plus fondamental, il est impossible de déterminer une politique optimale à cause des limitations engendrées par le système lui-même.Le premier risque est moins aigu aujourd'hui qu'il y a trois décennies grâce à l'indépendance des banques centrales. Cependant, même si l'inflation a été réduite, l'influence politique est toujours présente. Quant au second problème, il semble toujours difficile de s'accorder sur une définition de la monnaie ou sur le meilleur objectif à suivre. La stabilité de l'indice des prix n'est que rarement interprétée comme une inflation nulle (mais plutôt positive), et la déflation est vue comme un mal pire que l'inflation alors qu'elle peut être désirable si elle résulte d'un accroissement de la productivité. De plus, les banques centrales doivent souvent poursuivre des objectifs incompatibles entre eux.Ces difficultés fondamentales pourraient trouver de nouvelles solutions si on pouvait, d'une part, sortir le système monétaire de la sphère politique et, d'autre part, utiliser des mécanismes de marché pour déterminer la quantité optimale de monnaie en circulation. Il faut bien réaliser que tout problème monétaire est un problème institutionnel. Le siècle dernier s'est caractérisé par une irresponsabilité institutionnelle qui a produit, entre autres, des monnaies considérablement inflationnistes sur toute la période (rappelons que l'inflation est un impôt). Un système monétaire basé sur une monnaie marchandise (et l'or n'est qu'une des possibilités) aurait le double avantage de dépolitiser la monnaie (il n'y aurait plus de politique monétaire en tant que telle) et d'établir des mécanismes d'autorégulation au travers du jeu des réserves. Il existe plusieurs modèles alternatifs. La convertibilité des monnaies fiduciaires en or (qui deviendrait la monnaie véritable) pourrait être rétablie à un cours défini par les banques centrales qui seraient alors limitées dans leurs émissions par la garantie de convertibilité. On pourrait aussi supprimer les banques centrales pour permettre aux banques secondaires d'être en concurrence directe dans leurs émissions monétaires convertibles. Un autre modèle, suggéré par l'économiste George Selgin, et politiquement plus acceptable, consisterait à geler les encours en dollars et à les utiliser comme monnaies de réserve. Ce système serait cependant plus vulnérable que ceux basés sur l'or, car ce dernier doit être extrait du sol et n'est donc pas sous le contrôle direct des gouvernements. Il est peu probable que le G20 se dirige vers une alternative basée sur l'étalon or car les gouvernements ne sont pas prêts à s'attacher au mât pour résister au chant des sirènes. C'est dommage car un tel système pourrait restaurer une monnaie mondiale saine tout en évitant les écueils actuels.Par Frédéric SautetÉconomiste au Mercatus Center, George Mason University (Washington DC)
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