expositionÉtrange artiste. Étrange peintre. La mort, l'onirisme macabre se sont toujours invités dans l'?uvre de James Ensor. Quoi qu'il fasse, quel que soit le sujet. Qu'il peigne les autres ou qu'il se peigne lui-même. Cette rétrospective au musée d'Orsay nous en propose le cortège en quelque 90 ?uvres, tableaux, dessins, gravures et objets personnels.Dès le départ avec Ensor, il y a maldonne. On veut le pousser vers l'impressionnisme alors qu'il s'exprime comme naturaliste. Influencé par Goya, Jérôme Bosch et Bruegel, il pratique une peinture sombre, empâtée, sans espoir. Ses intérieurs sont surchargés jusqu'à l'étouffement, ses ambiances angoissantes, ses natures mortes inquiétantes. Il est vrai que le peintre aime s'entourer d'objets bizarres. Objets dont il a toujours apprécié la présence et dont sa grand-mère tient commerce à Ostende, la ville ou il vécut et peignit : grenouilles empaillées, poissons séchés, masques, filets à crevettes?jamais en paixSa peinture ne plaît pas. Il est refusé dans tous les Salons. Heureusement, il a un amour immodéré pour lui-même et aucun doute sur son talent. Il veut avant tout exprimer la violence de la lumière et de la couleur. Il va y parvenir à travers sa série des masques et de personnages grotesques, véritables cadavres vivants qui s'agitent dans une farandole macabre. Réminiscences du carnaval d'Ostende.C'est avec ces séries qu'il restera célèbre. On dit qu'il « squelettise » ses sujets. Lui-même ne s'épargnera pas dans des séries d'autoportraits. Il s'y voit tantôt en tête de mort, tantôt en dandy séducteur. En Christ même? Car James Ensor s'aime. Jusqu'à la déraison. Parce que l'on ne connaît de lui que les masques, cette exposition surprend par l'univers qu'on y découvre. Parfois on aime. Parfois on déteste. Malgré lui, Ensor est un provocateur. Il ne nous laisse jamais en paix, bouscule nos certitudes et lance dans un dernier souffle comme un grand cri d'amour. nMusée d'Orsay. Tél. : 01.40?.49.48.14. Jusqu'au 4 février. Catalogue. : éd. Musée d'Orsay, RMN, 48 euros.

latribune.fr

12 Nov 2009, 1:46

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