Croissance  : l'annus horribilis se termine plutôt bien pour la France

Ouf ! L'année 2009 se termine enfin. Et elle se termine plutôt bien. Selon l'Insee, le PIB a bondi de 0,6 % au quatrième trimestre. Toutefois, parce qu'il faut boire le calice jusqu'à la lie, il faut relativiser cette performance encourageante. D'une part, l'institut a révisé à la baisse, de 0,1 point, l'estimation de la croissance au troisième trimestre. Entre juillet et septembre, l'activité n'avait progressé que de 0,2 %. D'autre part, ce rebond n'a provoqué qu'une décélération des destructions d'emplois dans le secteur marchand, pas la création de nouveaux postes. En effet, l'Insee a constaté 56.500 destructions d'emplois salariés au quatrième trimestre, contre 93.500 et 76.100 au second et au troisième trimestre. Le secteur marchand aura détruit 412.000 emplois entre le 31 décembre 2008 et le 31 décembre 2009, dont 196.100 dans l'industrie et 162.800 dans les services. Bien pire qu'en 1993Au total, le PIB a chuté de 2,2 % l'année dernière, enfonçant les récessions observées en 1975 (? 0,1 %) et 1993 (? 0,9 %), auparavant les deux années les plus difficiles pour l'économie française depuis 1945. Certes, la France peut dans une certaine mesure s'enorgueillir d'avoir mieux résisté que la plupart des pays de l'OCDE, notamment l'Allemagne, son principal partenaire commercial. Dans la première économie de la zone euro, dont le moteur principal est le commerce extérieur, l'activité a dégringolé de 5 % l'année dernière, durement frappée par le ralentissement du commerce mondial. Une résistance dont s'est vanté l'Élysée à plusieurs reprises. Reste à savoir si cette comparaison sera aussi flatteuse lorsque les économies occidentales emboîteront le pas aux émergentes qui, depuis quelques mois, évoquent la crise récente au passé. En attendant les prochains résultats du match France-Allemagne, revenons en détail sur cette annus horribilis.Consommation des ménagesElle reste le seul moteur de la croissance tricolore. Elle a certes résisté (+ 0,8 %, après + 0,9 % en 2008) mais elle se situe très largement en dessous des 2,5 % de progression observés en 2006 et 2007. Le principal facteur de résistance ? Les bonnes ventes de véhicules, stimulées par la prime à la casse gouvernementale.L'investissement des ménagesLa montée du chômage a fortement gelé les projets immobiliers, malgré l'engouement suscité par le dispositif fiscal Scellier. Très dynamique les années précédentes, l'investissement dans la pierre a reculé de 8,1 %, contre ? 1,4 % un an plus tôt.L'investissement des entreprisesAlors que les entreprises étaient déjà en surcapacité de production, le taux d'utilisation des facteurs de production s'élève à 82 % sur longue période ; celles-ci ont utilisé toutes leurs ressources financières pour contrer la chute des carnets de commandes. Résultat : la formation brute de capital fixe a sombré de 7,7 % et a chuté de 27 % dans l'industrie en 2009 !Commerce extérieurLe comportement plus cigale que fourmi des Français et le ralentissement de l'activité ont fait reculer les importations (? 9,4 %). Problème : les exportations ont reculé plus fortement encore (? 11,2 % en volume). Heureusement, le montant de la facture pétrolière a été réduit d'un tiers, passant de 60 à 40 milliards d'euros en raison de la réduction par deux en moyenne des cours du brut entre 2008 et 2009. Cette modération du coût de l'énergie a limité la dégradation de la balance commerciale. Le déficit s'est élevé à 43 milliards d'euros, loin du record atteint en 2008 (55,4 milliards).Variation des stocksFace à la baisse de la demande, les entreprises ont très tôt réduit la voilure. Comment ? D'une part, en renonçant à faire appel à l'intérim et, d'autre part, en arrêtant de faire tourner les machines. Le déstockage a donc été massif. En 2009, la variation des stocks aura retiré 1,4 point de PIB à la croissance. Le mouvement s'est inversé au cours du dernier trimestre, expliquant largement le rebond de l'activité, à hauteur de 0,9 point, tandis que le commerce extérieur contribuait au contraire négativement à l'activité (pour 0,7 point).
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