Renault fragilisé à l'heure de revoir son alliance avec Nissan

Tout juste convalescent au sortir de la crise, empêtré dans l'échec du fameux « Renault Contrat 2009 », le constructeur au losange n'avait pas besoin d'une telle tempête. Décapité par le départ surprise de Patrick Pélata, son directeur général délégué, Renault se retrouve plongé dans une profonde incertitude. Alors même que la fausse affaire d'espionnage l'a mobilisé plusieurs mois, avant de le ridiculiser et de créer un profond malaise au sein d'une entreprise à peine remise des méthodes de choc du PDG Carlos Ghosn et de la vague de suicides au Technocentre de Guyancourt... Le remplaçant de Patrick Pélata devrait être nommé, au mieux, fin avril.Déséquilibre croissant Ces bouleversements ne vont pas faciliter la mise en route du nouveau plan baptisé « 2016 Drive the Change », lancé le 10 février dernier. Et ce, au moment où un rééquilibrage de l'alliance avec Nissan apparaît inéluctable à terme, vu la vigueur recouvrée du partenaire japonais et l'affaiblissement relatif de l'ex-Régie ! Fin février, Carlos Ghosn avait annoncé un « réexamen » de la structure de l'alliance, afin de tenir compte du déséquilibre croissant entre les deux partenaires (en faveur de Nissan) en termes de production, de couverture géographique, de gammes et de maîtrise technologique, sans parler des profits. Renault possède 43,4 % de Nissan qui, lui, ne détient que 15 % du français. Mais l'an dernier, Nissan n'a-t-il pas vendu 1,46 million de véhicules de plus que Renault ? Son bénéfice d'exploitation ne devrait-il pas être (sur l'exercice fiscal 2010 clos fin mars 2011) plus élevé de 4,2 milliards d'euros que celui de son actionnaire ? Côté japonais, on vit de moins en moins bien un tel déséquilibre, jugé humiliant.« Il faut étudier toutes les conséquences », avait alors affirmé Carlos Ghosn, le patron des deux constructeurs, ajoutant : « il faut une solution qui satisfasse tous les actionnaires, ceux de Renault comme ceux de Nissan ». En clair, la part de Renault dans Nissan pourrait être réduite. Sans que le groupe français ne perde pour autant la minorité de contrôle (un tiers). Ce rééquilibrage de l'alliance fait déjà l'objet de tractations entre Renault et l'État français. Il sera au menu de la future rencontre entre Carlos Ghosn et le gouvernement. Même si le PDG affirmait récemment qu'il pourrait intervenir en... 2013. Une quadrature du cercle complexe : la capitalisation boursière du japonais est plus de deux fois supérieure à celle du groupe tricolore ! Mais la montée prévue de Renault dans le premier constructeur russe Avtovaz pourrait pallier quelque peu ce déséquilibre structurel.
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