C'est ce qui s'appelle un silence pesant. Mardi, le titre Schneider Electric a perdu 3,68 %, après avoir fondu de 3,66 % lundi. Le leader mondial des équipements basse tension a préféré néanmoins garder le silence sur l'intention qu'on lui prête de préparer une offre sur le groupe américain Tyco International, spécialisé dans la sécurité, qui pèse 23 milliards de dollars en Bourse. Dévoilée par Bloomberg, qui cite trois sources concordantes anonymes, cette perspective effraie le marché et les analystes de ce côté-ci de l'Atlantique, qui estiment que la proie serait trop grosse à avaler pour Schneider, qui vaut, lui 30,5 milliards d'euros en Bourse.Certains commentateurs s'interrogent en outre sur la pertinence pour Schneider Electric de s'embarrasser d'activités, comme des systèmes de sécurité incendie et de gestion des valves. Aux États-Unis, l'opération suscite davantage d'enthousiasme. Certains analystes y voient l'opportunité pour Schneider de doubler son exposition au marché américain, dont la croissance est prévue autour de 3 % ces deux prochaines années, contre 1,7 % en Europe. Surtout, ils soulignent que Tyco International, valorisé avant la rumeur 8 fois l'Ebitda (excédent brut d'exploitation, qui s'est établi à 2,9 milliards de dollars l'an dernier, pour un chiffre d?affaires de 17 milliards), est largement sous-valorisé par rapport à ses concurrents, avec une rentabilité supérieure. Enfin, la vigueur de l'euro (1,44 dollars contre 1,33 en début d'année) permettrait d'alléger la facture, soulignent-ils.« Difficile à digérer »Un tel mouvement, aussi audacieux qu'il paraisse - ce serait l'un des plus gros achat d'une société américaine par un groupe européen - ne serait pourtant pas pour déplaire à Jean-Pascal Tricoire, le patron de Schneider Electric. Depuis son arrivée en 2006, il a fait bondir l'Ebitda du groupe de 50 %, à 3 milliards d'euros, en multipliant les acquisitions. En commençant par l'américain APC, acquis pour 6 milliards de dollars en 2006, puis en 2007 Telco, un autre américain, spécialiste de la vidéosurveillance, (1,2 milliard de dollars). La branche distribution d'Areva, raflée l'an dernier, avec l'aide d'Alstom, lui a permis de hisser Schneider Electric au 2e rang mondial de la moyenne tension. Une acquisition de 1,4 milliard d'euros.Si le renforcement dans les automatismes des bâtiments, dont la sécurité, fait partie des objectifs énoncés récemment par Schneider Electric, une opération sur Tyco International nécessiterait une augmentation de capital de 10 milliards d'euros, selon la Société Généralecute; Générale, qui la juge « difficile à digérer » pour le groupe. Certains analystes vont jusqu'à suggérer une autre cible américaine, d'une taille plus adaptée, au groupe français : Cooper Industries. Marie-Caroline Lopez

latribune.fr

12 Avr 2011, 21:24

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