Régulation : la City se félicite d'une réforme moins radicale que prévu

Il était à Bruxelles la semaine dernière après un bref séjour à Washington. Il ira en Pologne très prochainement. Infatigable lobbyiste, Stuart Fraser, numéro 2 de la City (« directeur des politiques ») parcourt le monde pour défendre la place financière britannique. Et même s'il ne l'affirme pas haut et fort, cet homme qui défendra la City jusqu'au bout a le sentiment de commencer à gagner la bataille réglementaire. « Nous sommes entrés dans une phase de maturité. Le débat est devenu plus rationnel », affirme-t-il à « La Tribune », dans un euphémisme de lobbyiste.Finies selon lui les déclarations à l'emporte pièce des politiques. Il n'est plus question de claquer la porte des négociations (Nicolas Sarkozy avant le G20 de Londres), ou de « révolution » (Adair Turner, président de la FSA, le régulateur britannique, en mars 2009). Désormais, le sujet est redevenu technique, au grand soulagement de Stuart Fraser. « Je suis conforté par le fait que tout le monde ait maintenant compris que la mise en place de toutes les nouvelles régulations ne doit pas se faire en même temps, car cela risquerait d'étouffer les banques et de provoquer un ralentissement de l'économie. Nous parlons désormais d'une mise en place plus progressive. »Compromis envisageableLors de sa rencontre mercredi dernier avec Michel Barnier, le commissaire européen, il a porté l'attaque sur la régulation financière européenne, dont la directive est en préparation. Le principal point d'accrochage porte sur le pouvoir des futurs régulateurs européens, qui doivent être créés d'ici à janvier prochain. Londres refuse la proposition du parlement, qui souhaite qu'en cas « d'urgence », les instances européennes puissent prendre le dessus sur les organes nationaux.Pourtant, là encore, Stuart Fraser estime qu'un compromis est envisageable. « Il est possible que la définition de l'urgence soit définie de façon très étroite. » Une façon de vider de sa substance la directive sans avoir l'air d'y toucher... Ce travail de technicien est aussi celui qu'il prévoit pour les Etats-Unis. Le congrès vient-t-il de passer « les plus dures réformes financières depuis (...) la grande dépression », selon Barack Obama ? « Il faudra encore au moins deux ans avant que la réforme aboutisse, le temps de traduire les intentions politiques à un niveau technique », estime Stuart Fraser. La technicité comme solvant de la volonté politique : de son point de vue, c'est une victoire. Éric Albert, à Londre
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