François Lemarchand voit l'économie changer

C'est au retour d'un voyage en Californie, que François Lemarchand et sa femme, Françoise, photographe, décident de lancer Nature & Découvertes. Leur idée?? Créer une entreprise et des magasins qui permettent aux citadins de se reconnecter avec la nature. Vingt ans plus tard, le pari est plus que gagné. Le groupe, également propriétaire de l'enseigne Résonances, réalise plus de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires. Ayant anticipé la baisse de consommation et soutenu son activité par une forte politique d'innovation, il a traversé la crise sans encombres. Au classement des plus grandes fortunes de France du magazine « Challenges », celle de François Lemarchand a progressé de + 33,33 % cette année (à 60 millions d'euros). La société emploie plus de 1.200 personnes, possède 70 magasins en France, 2 en Belgique et 1 en Suisse. Plus encore, depuis quinze ans, François Lemarchand et son fils Antoine, 38 ans (d'ores et déjà président, il va prendre la suite), se sont engagés au travers de deux fondations (20 % des dividendes du groupe leur sont versés chaque année) à soutenir des projets en faveur de la biodiversité, du respect de l'équilibre entre l'homme et la terre. En 2005, quelques mois avant la conférence de Rio, leur Université de la Terre a réuni plus de 30.000 personnes venues débattre à l'Unesco sur l'avenir de la planète. En vingt ans, le chemin parcouru est considérable.Dans les années 1990, en pionnier, il était regardé avec plus ou moins de circonspection. « Que ce soient les banquiers, les autres patrons, j'étais attaqué de tous les côtés. Les écologistes fustigeaient mes amis entrepreneurs et ces derniers étaient convaincus que les partisans de l'écologie voulaient revenir au paléolithique. À l'époque, on pensait que la croissance serait éternelle?; la nouvelle génération sait que non. Le monde moderne est fini. » Le fondateur de Nature & Découvertes est sollicité de toutes parts, chacun cherche à comprendre les clefs de sa réussite, à prendre modèle. Dans son entreprise, l'engagement en faveur de l'environnement, comme le service à la clientèle, ne sont pas des abstractions marketing, mais des actions concrètes. « Je n'aime pas le mot consommateur. Ce qui me motive, c'est de comprendre ce que désirent les gens qui viennent dans mes magasins, quelle est leur sensibilité, quels sont leurs désirs. Nous sortons de la société de consommation, la notion de ?tête de gondole? est totalement dépassée. Depuis 1990, près de deux millions d'enfants et adultes ont suivi l'une de nos conférences?; nous organisons en moyenne 5.000 sorties par an. À chaque achat, nous proposons un service pédagogique gracieux. Par exemple, quand quelqu'un achète un télescope, nous lui offrons une sortie pour apprendre à reconnaître les étoiles et à l'utiliser. » Cette valeur ajoutée de la connaissance fait la différence. « Comment la finançons-nous?? Tout simplement?; en ne faisant pas de publicité, ce que nous pourrions dépenser en médias, nous l'investissons dans la création de vraie valeur ajoutée. » En pleins préparatifs de la prochaine Université de la Terre à l'automne 2011, François Lemarchand en est convaincu?: « On va changer de système économique et de système de valeurs. Une notion comme celle du PNB ne veut plus rien dire. Auparavant, le monde était très hiérarchisé, aujourd'hui, avec Internet, nous tendons vers un monde plat. Désormais, le bien le plus important, c'est la connaissance. Les entreprises de demain ne seront pas forcément celles qui aujourd'hui ont les plus grosses usines et plus fortes capitalisations. C'est passionnant. » n? Lundi : entretien avec John Mackey, le patron de Whole Foods Market
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.