Un « Masterchef » pour les fêtes

Les valeurs d'un MOF (meilleur ouvrier de France) sont-elles solubles dans TF1 ? Des millions de téléspectateurs changent-ils un chef, voire sa cuisine ? Frédéric Anton est prolixe sur le sujet. On met une pièce dans la machine et il vous fait « l'argu » de l'émission comme personne : pureté, effort, dépassement de soi, expérience humaine... rien à voir avec M6 et son Cyril Lignac : « Masterchef », c'est de la cuisine, « Top Che », c'est de la télé.Pas forcément convaincant mais on sent que cet être hors du commun qui, le week-end, fait de la peinture abstraite, de l'ébénisterie, du parachute ou du tir au pistolet 357 magnum, a eu envie d'une aventure de plus, avec la même sincérité que pour les autres.Quant à sa cuisine, elle est restée totalement étanche à l'accélération médiatique. Pas bougée d'un millimètre, toujours aussi rigoureuse, créative et raffinée. Un niveau de perfection et de sophistication qui rappelle celui de son mentor, Joël Robuchon, lorsqu'ils étaient ensemble chez Jamin.La carte est construite autour de quelques produits, déclinés en duo ou en trilogie. La saint-jacques aura une version cuite et sera servie sur un galet à 230 degrés, et une autre version délicatement pochée dans un bouillon au parfum de mélisse. Cela donne des entrées spectaculaires sans être gadgets, ancrées des deux pieds dans la réalité des produits. La blancheur nacrée du turbot recouvert d'amandes et sa fregola sarda de seiche suivie de la noirceur du lièvre à la royale, façon sénateur Couteaux, donnent des plats incroyablement beaux et nobles sans être irréels, respectueux des goûts et des cuissons. S'il est un restaurant parisien où il faut pousser sa faim jusqu'aux desserts, c'est celui-ci. Christelle Brua, qui n'a de sérieux compétiteur que Christophe Michalak au Plaza, signe de véritables performances techniques, gustatives et esthétiques. Son incroyable pomme verte soufflée croustillante emmène chacun de nous dans sa mythologie préférée : Adam, Blanche-Neige, les Beatles, Apple ou Chirac, au choix. Pour Frédéric Anton, ce serait plutôt Guillaume Tell et Magritte, la précision du tir et la beauté du geste. Et si le Pré Catelan était, pour les fêtes, le meilleur trois-étoiles de la capitale ?Sébastien [email protected] Le Pré Catelan, bois de Boulogne, route de Suresnes, 75016 Paris. Tél. : 01.44.14.41.00.
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