L'activité de l'industrie pâtit des grèves d'octobre

C'est la chute : la production manufacturière ainsi que la production industrielle dans son ensemble, ont baissé de 0,8 % en volume en octobre, selon les statistiques de l'Insee publiées vendredi. Ce décrochage s'explique par les mouvements sociaux contre la réforme des retraites, qui, en entraînant le blocage des raffineries de l'Hexagone, ont provoqué la dégringolade de la production dans la cokéfaction et le raffinage (? 56,5 %). Il est cependant certain qu'on assistera en novembre à un rebond de rattrapage, ainsi que le laissent entendre les indicateurs d'activité déjà disponibles, tels que ceux de la société d'études économiques Markit. Ces derniers montrent pour novembre une activité à 57,9 points, son plus haut niveau depuis dix ans. Au final, ces grèves auront un « effet faible sur la croissance », confirme-t-on dans l'entourage de Bercy. En octobre, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, avait estimé le coût du conflit à un montant entre 200 et 400 millions par jour (lire « La Tribune » du 26 octobre).Tout n'est pas non plus à mettre sur le dos des grèves. En octobre, des secteurs a priori peu concernés par des problèmes d'approvisionnement en pétrole font également grise mine, comme le textile, habillement, cuir et chaussure (? 2,2 %) ou encore le bois, papier et imprimerie (? 0,6 %). Du côté des bonnes nouvelles, la production automobile s'est bien orientée (+ 4,2 %), mais la société d'études économiques Xerfi rappelle qu'« en niveau, l'activité reste inférieure de 27,8 % à sa moyenne de 2005 ». Par ailleurs, la fin attendue début 2011 de la prime à la casse « sera un nouveau coup dur pour les constructeurs ».logique de remplacementOn note surtout en octobre la hausse de 1,6 % de la production des équipements électriques, électroniques, informatiques et des machines et, plus généralement, celle de 0,6 % de l'agrégat « biens d'investissement ». L'investissement reprendrait-il ? Après une « longue disette », selon les termes d'Alexander Law, chez Xerfi, à savoir « huit trimestres d'affilée de baisse », ce redémarrage était attendu. Toutefois, « dans un contexte de reprise économique, il devrait être plus massif, souligne l'économiste. Actuellement, on est dans une logique de remplacement et de rationalisation plutôt que dans une logique d'extension de l'outil de production », qui reste « sous-utilisé ». Et cela pour une bonne raison, « les chefs d'entreprise sont dubitatifs quant à la reprise », ce qui n'est pas propice à l'investissement.Au final, et indépendamment des grèves, la production industrielle se trouve depuis septembre « à ses niveaux de 1997 », souligne Xerfi, reflétant la fragilité de la conjoncture et la persistance de la situation de crise.
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